Une équipe d’enquêteurs français se rendra à Beyrouth le mois prochain pour participer à l’interrogatoire de l’ancien patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn, a annoncé samedi un responsable du ministère libanais de la Justice.

Le responsable n’a donné aucune date précise ni aucun détail sur les informations que les enquêteurs rechercheraient auprès de Ghosn.

L’ancien dirigeant de l’automobile Ghosn, de nationalité libanaise, brésilienne et française, a fui le Japon dans une évasion dramatique qui a fait la une des journaux l’année dernière, en arrivant au Liban le 30 décembre 2019.

Outre son procès au Japon, l’homme d’affaires de 66 ans est confronté à un certain nombre de défis juridiques en France, notamment l’évasion fiscale et des allégations de blanchiment d’argent, de fraude et de détournement des actifs de l’entreprise alors qu’il était à la tête de l’alliance Renault-Nissan.

Le responsable libanais, s’exprimant sous couvert d’anonymat conformément à la réglementation, a déclaré que les enquêteurs français travailleraient aux côtés de leurs homologues libanais.

Les informations sur les enquêtes sont secrètes au regard de la loi française, et les autorités judiciaires françaises n’ont pas répondu aux demandes de commentaires samedi sur le rapport.

Après avoir dirigé le constructeur automobile japonais Nissan pendant deux décennies, Ghosn a été arrêté au Japon en novembre 2018 pour abus de confiance, utilisation abusive des actifs de l’entreprise à des fins personnelles et violation des lois sur les valeurs mobilières en ne divulguant pas entièrement sa rémunération. Il a nié les actes répréhensibles et a fui le Japon alors qu’il était libéré sous caution en attendant son procès. Il est peu probable qu’il soit extradé du Liban, où il se trouve depuis l’année dernière.

Au moins deux enquêtes liées à Ghosn ont été ouvertes en France. L’un d’entre eux portait sur les transactions suspectes entre Renault et un distributeur à Oman, ainsi que sur les paiements suspects pour des voyages privés et des événements payés par la société holding néerlandaise RNBV de Renault-Nissan.

Une autre enquête a porté sur un détournement présumé des fonds de l’entreprise pour une fête pour Ghosn à Versailles. L’enquête française vise à déterminer qui est responsable d’une série de violations financières présumées entre 2009 et 2020.

Cela inclut les «flux financiers suspects» entre Renault et le concessionnaire automobile SBA à Oman. Cet aspect de l’enquête vise plusieurs millions d’euros de frais de déplacement et autres payés par la société néerlandaise Renault-Nissan détenant RNBV, mais soupçonnée d’avoir été pour l’usage personnel de Ghosn.

Les avocats français de Ghosn ont déclaré que les paiements à la SBA étaient des «bonus justifiés» pour avoir stimulé les ventes de voitures dans le golfe Persique et ont nié les allégations selon lesquelles les fonds auraient bénéficié personnellement à Ghosn ou à sa famille.

L’année dernière, Renault a déclaré qu’un audit interne avec Nissan avait révélé 11 millions d’euros de dépenses douteuses chez RNBV prétendument liées à Ghosn, y compris pour les voyages en avion, les dépenses personnelles et les dons à des organisations à but non lucratif.