C’est une bataille matérielle sans égale. Deux années après l’ouverture du Nürburgring, 33 pilotes se battent sans relâche dans l’Eifel pour la victoire. Finalement, c’est Louis Chiron qui remporte le « Grand Prix des Nations » au Nürburgring, avec une Bugatti Type 35C. Une victoire qui, au vu de la difficulté du circuit et de la rudesse de la concurrence, pèse plus que les autres courses du calendrier.

Non comme aujourd’hui, les pilotes conduisent sur la Nord- et la Südschleife, les dénommées « Circuits de montagne, de course et d’essai ». Un tour fait 28,265 kilomètres, dont 7,7 kilomètres sur la Südschleife. Les pilotes doivent effectuer 18 tours, jusqu’à l’arrivée, faisant 508,77 kilomètres au total. Le circuit n’est pas correctement asphalté et les zones d’échappatoire sont à l’époque plutôt petites. De surcroit, la participation est forte. Initialement, la course en Eifel devait s’appeler « Grand Prix d’Allemagne », mais le nom était prévu pour des voitures de course les plus performantes. La course du 14 juillet, elle par contre ouverte, a plusieurs catégories.

Bugatti au départ avec trois voitures légères

Mercedes est au départ avec quatre puissantes SSK équipées des moteurs compressés de 7,1 litres. L’allemand Rudolph Caracciola est en pole position. L’usine Bugatti participe avec trois véhicules légers, mais s’ajoutent également des pilotes privés de Bugatti avec d’autres modèles. Les temps effectués lors des essais libres n’influencent à l’époque aucunement la position de départ, seule l’heure d’inscription et la catégorie comptent.

Caracciola démarre bien, laisse son monstrueux moteur compressé de 7,1 litres faire le travail et prend la tête de la course. Non loin derrière suivent les premiers modèles Bugatti Type 35, qui se rapprochent de plus en plus. Déjà après 4 tours, les légères et maniables voitures Bugatti s’imposent. En effet, le nouveau Nürburgring se démarque non seulement par des lignes droites courtes et planes, mais également par ses nombreux virages, dangers, bosses et variations de hauteur. Entre la partie « Breidscheid » et le « Hohen Acht », se trouvent presque 300 mètres de dénivelé. Les voitures maniables, telles que la Type 35 sont avantagées. Et cela, même si elles commencent dans la classe inférieure des moteurs entre 1,5 et 2 litres, contrairement aux Mercedes qui elles se trouvent dans la catégorie « supérieure à 3 litres ».

La Bugatti Type 35 fait partie des voitures de course les plus victorieuses de tous les temps

Entre 1924 et 1930, la voiture du constructeur français cumule plus de 2000 victoires. C’est pour cette raison également que la période est nommée « âge d’or ». La fameuse Type 35C de Louis Chiron roule du début à la fin sans complications. La voiture de Grand Prix ouverte impressionne par son moteur-8 cylindres-alignés compressé de 2 litres produisant environ 130 chevaux, tout comme par sa vitesse de pointe qui dépasse les 200 km/h. Par ailleurs, et c’est son plus grand avantage, sa fiabilité et sa légèreté séduit. Le moteur et la transmission sont en aluminium, tout comme la carrosserie et les roues. L’axe de direction est forgé dans le creux central, qui reste massif. Ceci permet de réduire le poids à 750 kilogrammes – sur les parties vallonnées des Süd-Nordschleife, la Type 35C tourne agilement dans les virages. C’est sans surprise que Louis Chiron effectue le tour les plus rapide en 15:06 minutes avec une vitesse moyenne de 112,31 km/h. Les concurrents plus lourds ne peuvent pas tenir le rythme.
Après 4 heures et 46 minutes, Louis Chiron passe la ligne d’arrivée le premier, suivi par le français Georges Philippe, lui aussi avec une Type 35C, qui arrive tout juste 12 minutes plus tard. Les deux pilotes allemands August Momberger et Max von Acro-Zinnenberg passent la ligne prêt de 15 minutes après Louis Chiron. La quatrième et cinquième place reviennent également à des Bugatti, tout comme la septième, huitième et dixième. Caracciola abandonne au cinquième tour à cause d’un indicent moteur.

Des 44 inscrits à la course, 33 sont au départ et seuls 14 arrivent au bout de la course. Parmi ces derniers, la moitié de pilotes conduisent une Bugatti. Durant cette « décennie d’or », Bugatti démontre encore une fois la rapidité et la fiabilité de ses voitures. C’était il y a 90 ans.

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