Samuel Marie était un athlète enthousiaste et cordiste de métier. Tétraplégique suite à une chute de 6 mètres sur un chantier, il est devenu une personnalité inspirante grâce à ses road trips à but pédagogiques. Au volant de son Sprinter 4×4 aménagé, il a entrepris depuis 2017 le premier « Handi Road Trip » pour un monde accessible : 3 continents, 75 000 kilomètres et 22 pays traversés. Le nom de ce projet fou ? Sam Fait Rouler.

Samuel Marie s’était imaginé un autre avenir. Cordiste de métier, il travaillait jour après jour sur de nombreux chantiers en hauteur. Très sportif, il faisait aussi des extras comme moniteur de ski. En 2007, il fait une chute de six mètres lors d’une opération de débroussaillage au pied de la citadelle de Besançon. Samuel Marie a 20 ans. Il restera tétraplégique. Trente opérations et quatre ans de rééducation plus tard, il a eu le temps de préparer son « évasion ». Quatre années au cours desquelles il a dû faire face à un nouveau corps qui ne bougeait plus et à de nombreuses interventions chirurgicales qui lui ont permis de retrouver une mobilité partielle des membres supérieurs, lui assurant une certaine autonomie au quotidien. Jusqu’à ce qu’il puisse enfin vivre à nouveau chez lui. Mais Sam ne perd pas espoir. Inspiré par le livre « Latitude zero : around the world on the equator » de l’explorateur Mike Horn, Samuel comprend qu’il doit réaliser ses rêves, quels que soient les obstacles présents ou à venir.

Tétraplégique mais pas immobile

« Ma vie est tout sauf normale », admet-t-il ouvertement. « Mais j’ai réussi à retrouver un peu d’indépendance. » Avant son accident, Sam voyageait dans le monde entier. Il continuera, en fauteuil roulant… A Bali, il se rend compte que la plupart des hôtels étrangers ne sont pas accessibles aux personnes handicapées. Cela ne rend pas les choses simples… Mais il ne s’arrête pas à ce genre d’obstacles. Toujours amoureux de voyages et à cherchant une solution pour voyager seul, Samuel s‘équipe d’un premier Sprinter – un modèle 219 empattement court – en 2011 qui lui permettra de voyager en France et en Europe. Visant des contrées plus lointaines en mode baroudeur, nécessitant un véhicule qui lui permettrait de partir plusieurs mois en autonomie, Samuel investit dans un nouveau Sprinter 319 4×4 grand modèle fin 2016.

Un périple autour du monde en fauteuil roulant, au volant d’un Sprinter 4×4 adapté au handicap

Le Sprinter 4×4 était alors le seul fourgon offrant à la fois une transmission automatique et une traction intégrale. Un certain nombre d’adaptations ont été nécessaires pour permettre à Sam de le conduire lui-même, directement depuis son fauteuil roulant. Il a fallu d’abord le rendre accessible : un lift élévateur, un lit électrique et une douche spéciale ont été installés. Puis équiper le poste de conduite. Sa tétraplégie ne lui permettant pas de faire des transferts vers le siège conducteur, ce dernier a été ôté. A sa place a été installé un ancrage qui lui permet de fixer son fauteuil roulant. Grâce au moteur V6 CDI de 190 ch, à la boite automatique et aux protections de soubassement, Sam roule jusqu’à des endroits que n’auraient jamais imaginé des personnes à mobilité réduite. Le réservoir sur-mesure de 180 litres lui confère une grande autonomie. « Cela me rend indépendant. » précise-t-il. Prévoyant, Sam a fait aussi installer des panneaux solaires sur le toit pour faire fonctionner le chauffage et la climatisation et préserver les batteries…

Le Sprinter de Samuel Marie est un 319 4×4 acquis courant 2016 – de précédente génération donc – version longue, toit surélevé, de 3T5 de PTC, marron dolomite. Il bénéficie d’un aménagement sur-mesure étudié avec des ergothérapeutes car Samuel vit dans son fourgon pendant son épopée. La partie fourgon a été aménagée par le carrossier Isère Evasion à Eybens (38), le tableau de bord et le poste de conduite adapté par le carrossier Baboulin.

« Sam Fait Rouler » : pour s’affranchir des barrières

La quête de grands espaces est devenue bien connue dans de nombreux centres de réadaptation et de recherche, en France et au-delà. Pour donner une dimension collaborative et être acteur de changements à venir qui serviront la mobilité pour tous, le projet Sam Fait Rouler a créé un écosystème innovant pour fédérer des instituts de recherche, des écoles, des étudiants, des entreprises, les pouvoirs publics autour de ce projet hors du commun, parrainé par Philippe Pozzo di Borgo (Intouchables)Sam parcourt le monde en Sprinter 4×4 tout en rendant compte des innovations et bonnes pratiques autour du handicap dans les différents pays traversés. Il a déjà réalisé deux road-trips à ce jour : un premier périple nord-américain au Canada (de Halifax à Vancouver) et aux Etats-Unis (de Seattle à New-York), de juillet à décembre 2017. Un an plus tard il a pris part au Raid Paris-Pékin-Istanbul entre juin et octobre 2018. Partout où il est passé avec son fidèle Sprinter, Samuel a fait de multiples rencontres et partagé son histoire, collectant et documentant des bonnes pratiques sur le terrain et se rendant compte de la réalité à l’étranger et de la manière dont le handicap est vu et vécu. Son but est de montrer qu’en dépit de l’adversité, tout est possible dans la vie. Martelant son credo : « Tu peux réaliser de grandes choses si tu bosses vraiment dur pour réaliser tes rêves. »

Le Sprinter 4×4 a ouvert de nombreuses portes à Samuel

Lors de ses voyages, moult portes qui semblaient jusqu’alors fermées se sont ouvertes à Sam. « Le Sprinter 4×4 m’a donné beaucoup de liberté et d’indépendance. » L’histoire de « Sam fait rouler » a même attiré l’attention du Président de la République Emmanuel Macron, qui lui a demandé de l’accompagner lors de sa visite d’État aux États-Unis en avril 2018, en qualité d’invité personnel. Plus intense encore a été pour Samuel la traversée de la Mongolie, qui lui a donné un sentiment de liberté absolue. De nombreux endroits sont extrêmement difficiles d’accès en fauteuil roulant. Le Sprinter est ainsi le seul moyen pour Sam de rencontrer des personnes. « Au volant, j’oublie mon handicap et je peux facilement chercher les rencontres ». Si on lui demande s’il a un conseil à donner aux autres personnes handicapées, Sam dit que « Le handicap nous donne cette chance : décider si nous l’acceptons ou non. »

Ambassadeur du possible

Sam a déjà beaucoup voyagé mais ne compte pas s’arrêter là. Il vient de publier le livre « Avance, bordel ! » aux éditions Dunod. Un livre-témoignage écrit comme un roman d’aventures, écrit en collaboration avec Emmanuelle Dal’Secco, rédactrice en chef de Handicap.fr. Et en fin d’année, il mettra le cap sur… l’Amérique du Sud. Nommé « Ambassadeur du Possible » par Sophie Cluzel, Secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, il bénéficie de son haut patronage pour le défi d’après : être la première personne tétraplégique à aller en Antarctique, sur les traces de Jean-Louis Etienne qui a préfacé son livre. Décidément, Sam aime les défis ! Il aime à répéter : « Même si certaines villes ne sont pas conçues de manière optimale pour les personnes à mobilité réduite, en tant que personne handicapée, vous ne devez pas vous cacher. Mais montrer que vous existez et partir pour de nouvelles aventures. »