Le départ brutal de Carlos Tavares de la direction de Stellantis, annoncé dimanche soir, entraîne une réorganisation majeure du quatrième constructeur automobile mondial. Le groupe a dévoilé une nouvelle structure de gouvernance temporaire, placée sous la présidence de John Elkann, qui dirigera les opérations jusqu’à la nomination d’un nouveau CEO prévue au premier semestre 2025.
Cette restructuration intervient dans un contexte délicat pour le constructeur, qui a vu ses performances se dégrader significativement en 2024. L’action en bourse a été divisée par deux depuis mars, tandis que les profits du premier trimestre ont connu une chute similaire. Plus inquiétant encore, le marché nord-américain, traditionnel bastion du groupe, accuse un recul de 36% au troisième trimestre.
La nouvelle organisation s’articule autour d’un Comité Exécutif Intérimaire (CEI) présidé par John Elkann. Cette structure temporaire rassemble des figures clés du groupe, avec notamment Xavier Chéreau aux Ressources Humaines et au Heritage, Ned Curic à l’Engineering et Technology, et Antonio Filosa qui supervisera l’ensemble des activités américaines, incluant les marques emblématiques Chrysler, Dodge, Jeep et Ram.
Jean-Philippe Imparato prend la responsabilité élargie de l’Europe et du portefeuille de marques comprenant Abarth, Alfa Romeo, Citroën, DS, FIAT, Lancia, Opel et Peugeot. Maxime Picat, pressenti comme possible successeur de Tavares, conserve la direction des Achats tout en étendant son périmètre aux régions Moyen-Orient, Afrique, Inde, Asie-Pacifique et Chine.
Pour renforcer cette structure, plusieurs vice-présidents exécutifs ont été nommés en support direct du président, dont Bertrand Blaise à la Communication et CSR, Olivier Bourges à l’Expérience Client, et Clara Ingen-Housz aux Affaires Publiques. Richard Palmer, figure respectée du groupe, devient conseiller spécial du président.
Cette réorganisation survient alors que Stellantis doit faire face à des défis majeurs. Le groupe, qui vise 70% de ventes électriques en Europe d’ici 2030, doit gérer une transition technologique complexe dans un contexte de concurrence accrue, notamment de la part des constructeurs chinois. Les récentes difficultés techniques, comme les problèmes du moteur 1,2L PureTech et l’affaire des airbags Takata, ont également entaché la réputation du groupe.
Le bilan de Carlos Tavares reste néanmoins impressionnant. Arrivé en 2014 à la tête d’un PSA alors en difficulté, il a transformé l’entreprise en un géant mondial profitable, culminant avec la création de Stellantis en 2021. Sous sa direction, le groupe a réalisé 18,6 milliards d’euros de profits en 2023, dont 7,7 milliards redistribués aux actionnaires.
Le futur CEO, dont la nomination est attendue pour 2025, héritera d’un groupe aux fondamentaux solides mais confronté à des défis majeurs : accélération de l’électrification, consolidation des parts de marché en Amérique du Nord, et réponse à la concurrence chinoise. La période intérimaire sous la direction d’Elkann sera cruciale pour maintenir le cap et préparer cette transition stratégique.