L’industrie automobile européenne est au bord d’un effondrement. En renonçant, sous la pression des institutions bruxelloises, aux moteurs thermiques qu’ils maîtrisaient parfaitement, les constructeurs du Vieux Continent ont perdu un levier stratégique essentiel. Désormais, la propulsion électrique – dominée tant sur le plan technique qu’économique par les constructeurs chinois et par Tesla – ne leur laisse presque aucune marge de manœuvre. Pour Oliver Zipse, PDG de BMW, il faut revenir à l’essentiel : définir des objectifs environnementaux sans dicter de solutions technologiques.
Le spectre du déclin industriel
Les faits sont là. Les dirigeants européens, ces dernières années, ont accumulé les erreurs. Sans résistance, la majorité d’entre eux ont accepté des réglementations drastiques, souvent irréalistes, imposées au nom de la décarbonation. Seuls Carlos Tavares (ex-PDG de Stellantis) et Oliver Zipse ont osé alerter, à contre-courant, sur les conséquences : une industrie stratégique livrée aux concurrents étrangers.
Leur mise en garde, longtemps ignorée, s’est aujourd’hui concrétisée. L’Europe, après avoir brillé dans le thermique, est devenue suiveuse dans l’électrique. La Chine, forte de ses géants industriels, a pris la tête des exportations automobiles mondiales. Tesla continue, de son côté, à dicter le rythme. L’Union Européenne, en voulant précipiter une transition, a fragilisé un secteur qui représente 13,8 millions d’emplois et 7 % de son PIB.
L’illusion électrique
Les objectifs climatiques sont légitimes. Mais la méthode est discutable. En imposant une technologie unique – l’électrique à batterie – les décideurs européens ont faussé la concurrence et négligé l’intérêt des consommateurs. Les ventes de voitures électriques stagnent. Malgré les subventions et les campagnes, une large part du public ne suit pas. Coûts élevés, manque d’infrastructures, autonomie limitée : les freins sont réels.
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Pour Zipse, la cause de cet échec est claire. L’Europe a violé le principe de neutralité technologique. Au lieu de fixer une destination – la réduction des émissions – elle a imposé un chemin unique. Et cela, sous l’influence de dogmes écologiques, de considérations électoralistes ou de groupes de pression industriels.
Vers un retour au pragmatisme ?
Oliver Zipse reste cependant modérément optimiste. Le choc économique est tel que les responsables européens seront contraints, tôt ou tard, de revoir leur stratégie. Pour lui, l’interdiction totale des moteurs thermiques en 2035 est un non-sens. L’alternative existe : maintenir un bouquet technologique diversifié, incluant les hybrides, les carburants synthétiques ou l’hydrogène. L’innovation doit rester entre les mains des industriels, non des bureaucrates.
Ce retour à la raison pourrait émerger dans les mois à venir. Car l’Europe ne peut se permettre d’abandonner une industrie qu’elle dominait. Il en va de sa souveraineté économique, de son tissu industriel et de millions d’emplois. Sans ce virage, elle risque de dépendre totalement de puissances extérieures pour ses mobilités de demain.