Le débat enfle autour de Ferrari. Et il enfle vite. Depuis les critiques inhabituelles lancées par John Elkann contre ses pilotes, plusieurs voix du paddock n’hésitent plus à dire tout haut ce que beaucoup murmuraient : le projet Lewis Hamilton ne convainc plus, et la piste Oliver Bearman s’impose progressivement comme une alternative crédible.
Dans ce contexte électrique, Ralf Schumacher a choisi de ne rien filtrer. Mieux : il a volontairement mis le feu aux poudres en affirmant que Ferrari devrait tourner la page Hamilton.
Ralf Schumacher pousse une solution radicale
Sur Sky Deutschland, où il intervient comme consultant, l’ancien pilote allemand a lâché une série de déclarations qui ont résonné dans tout le paddock.
Il rappelle d’abord un fait difficile à ignorer : Ferrari dispose déjà d’un jeune pilote prometteur, Oliver Bearman, engagé chez Haas, et dont les performances frappent les observateurs.
Schumacher souligne un contraste implacable : Bearman coûte une fraction de ce que coûte Hamilton, un pilote dont le salaire atteint, selon lui, “pas mal de dizaines de millions d’euros par an”.
La comparaison ne s’arrête pas aux chiffres. Elle touche aussi à la dynamique sportive. Et c’est là que le ton devient plus dur.
Selon Schumacher, Hamilton ne parvient plus à suivre le rythme naturel d’une monoplace devenue exigeante. La Formule 1 évolue, explique-t-il, et la sensation qui domine aujourd’hui est celle d’un film qui avance plus vite que le pilote.
Il précise que Hamilton doit fournir une dose d’énergie disproportionnée pour signer un bon tour, au point de devoir “donner plus que 100 % pour passer devant Leclerc”. Un effort qui, selon lui, produit l’effet inverse de celui recherché : il génère des erreurs.
Le Grand Prix du Brésil comme point de rupture
Pour Schumacher, la mauvaise course de Hamilton au Brésil n’a fait que confirmer une tendance préoccupante.
Le Britannique a enchaîné les fautes, s’est exposé aux pénalités, et s’est retrouvé incapable de maîtriser une Ferrari qui semblait lui échapper.
“Il commet trop d’erreurs. Si j’étais manager, je dirais simplement : ça ne fonctionne plus.” poursuit-il.
La solution ? Miser sur un jeune pilote “talentueux, frais, affamé” comme Bearman, qui a su marquer les esprits en peu de temps.
Schumacher va même plus loin et évoque une hypothèse lourde : payer Hamilton pour quitter Ferrari plus tôt.
Il rappelle que ce ne serait pas une première dans l’histoire de la Scuderia. Une phrase qui a secoué les supporters comme les spécialistes.
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Ferrari tente de calmer le jeu
Face à la tempête médiatique, un porte-parole de Ferrari a pris la parole pour atténuer la lecture trop brutale des propos de John Elkann.
Il assure que le message adressé aux pilotes se voulait “constructif, et non hostile”. Une manière de laisser entendre que Ferrari cherche davantage à remobiliser ses troupes qu’à déclencher un séisme interne.
Mais cette mise au point n’a pas suffi à calmer l’emballement. Les critiques continuent de pleuvoir autour de Hamilton, et les discussions sur son avenir se multiplient.
D’autres voix du paddock s’ajoutent au concert
Le commentateur néerlandais Olav Mol, très suivi dans son pays, estime que la saison d’Hamilton a été “assez décevante”.
Ce jugement sec contraste fortement avec celui réservé à Bearman, qu’il considère comme un “prince héritier”.
Il rappelle que le jeune Britannique a marqué quatre fois consécutivement avec une Haas, un exploit pour une voiture qui ne joue normalement que les miettes du peloton.
Selon lui, une seule condition peut conduire à un changement immédiat : Hamilton doit reconnaître qu’il n’y arrive plus.
Dans ce cas, Bearman deviendrait naturellement le successeur légitime.
Robert Doornbos, ex-pilote devenu consultant, apporte une autre lecture.
Pour lui, les propos d’Elkann témoignent d’une “irritation sérieuse”. Ferrari paierait Hamilton “2,5 millions par week-end”, affirme-t-il, “sans rien recevoir en retour”.
Ces mots, lourds et directs, illustrent l’impatience qui monte à Maranello.
Enfin, Christian Danner pointe un point plus psychologique : la concentration de Hamilton.
Selon lui, trop de choses se passent autour du pilote, qui paraît moins focalisé qu’autrefois sur l’essentiel : le pilotage.
Un projet qui s’effrite ?
Pour Danner, une conclusion se dégage : Hamilton ne parviendra probablement pas à transformer Ferrari comme il l’espérait à son arrivée.
Il peut inspirer l’équipe, nuance-t-il, mais pas la façonner.
Un jugement amer pour un champion venu à Maranello avec l’idée de construire sa dernière grande aventure sportive.
Ferrari se retrouve face à un dilemme stratégique majeur. Garder une star coûteuse et iconique, espérant une renaissance ?
Ou basculer vers une nouvelle ère, incarnée par Bearman, jeune, rapide, aligné sur les projets long terme ?
La Scuderia devra trancher. Et rapidement. Car à mesure que les week-ends passent, le débat ne faiblit pas : il s’amplifie.
