Stellantis voit rouge. Le constructeur prévoit une perte nette de 2,3 milliards d’euros (2,7 milliards de dollars) pour le premier semestre 2025. Une conséquence directe des droits de douane américains et des coûts liés à la restructuration.
Dans un communiqué publié le 21 juillet, le groupe estime que les taxes imposées par l’administration Trump ont généré un impact de 300 millions d’euros. Ces droits ont entraîné une réduction des livraisons et une baisse de la production, le temps d’adapter l’appareil industriel à cette nouvelle contrainte commerciale.
Chute marquée en Amérique du Nord
En Amérique du Nord, les livraisons ont chuté de 25 % au deuxième trimestre, par rapport à la même période en 2024. Une baisse brutale. Elle reflète autant l’effet des taxes que celui des ajustements logistiques décidés par le groupe.
En 2024, plus de 40 % des véhicules vendus par Stellantis aux États-Unis étaient importés. Principalement du Mexique et du Canada. Depuis avril, l’entreprise a réduit ces volumes. Objectif : limiter l’impact sur la rentabilité. Cela passe par une révision des niveaux de production et, parfois, de l’emploi.
L’hybride, un virage coûteux
Autre poste de perte : l’investissement dans l’électrification. Stellantis a enregistré 3,3 milliards d’euros de charges nettes avant impôts au premier semestre. Une somme liée à l’annulation de programmes, notamment celui de la propulsion à hydrogène, désormais abandonné.
Le groupe a aussi adapté ses plateformes industrielles. Il s’aligne sur une demande croissante en modèles hybrides, ce qui entraîne des dépenses. S’y ajoute le coût de la mise en conformité avec les normes CAFE (Corporate Average Fuel Economy), récemment clarifiées par les autorités américaines. Ces règles dictent la distance qu’un véhicule doit parcourir avec un gallon d’essence.
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Une situation délicate pour le nouveau PDG
En mai, Antonio Filosa a pris la tête de Stellantis. Il succède à Carlos Tavares, évincé après les mauvais résultats de 2024. La perte annoncée contraste fortement avec les 5,6 milliards d’euros de bénéfice net engrangés au premier semestre de l’année précédente. Le défi est immense.
Le groupe a donc choisi de publier exceptionnellement des résultats financiers préliminaires non audités. L’objectif est d’ajuster les attentes des analystes à la réalité, faute de prévisions officielles maintenues pour l’exercice 2025.
Chiffre d’affaires en baisse, mais redressement possible
Le chiffre d’affaires semestriel s’élève à 74,3 milliards d’euros, contre 85 milliards un an plus tôt. Il reste cependant en hausse par rapport au second semestre 2024, qui avait plafonné à 71,8 milliards.
Malgré un cash burn de 2,3 milliards d’euros, certaines voix restent optimistes. Selon JPMorgan, « ces résultats traduisent les premiers effets des mesures correctrices. Les nouveaux modèles attendus au second semestre devraient améliorer les marges et les performances. »
Livraisons globales en recul
Sur l’ensemble du deuxième trimestre, les livraisons mondiales de véhicules ont reculé de 6 %, pour atteindre environ 1,4 million d’unités. La baisse reste contenue à l’échelle globale, mais masque des écarts régionaux marqués.