Tata Motors vient de conclure une offre publique d’achat intégralement en numéraire pour acquérir Iveco Group, acteur européen majeur du véhicule industriel. Montant annoncé : 3,8 milliards d’euros. Une somme conséquente qui souligne l’ambition. L’accord, validé par la direction d’Iveco lors de la présentation de ses résultats trimestriels, exclut toutefois les activités défense, lesquelles seront détachées avant finalisation.
Dans le communiqué commun, les deux constructeurs affichent un objectif commun : « champion mondial du véhicule industriel ». Tata, puissant sur les marchés d’Asie et d’Afrique, complète la présence européenne d’Iveco. Ensemble, ils espèrent mutualiser les ressources, élargir leur influence, et rivaliser avec les leaders mondiaux comme Daimler Truck ou Traton.
Une complémentarité géographique et industrielle affirmée
Le rachat d’Iveco ne repose pas uniquement sur une logique financière. Tata Motors, déjà solide sur les segments utilitaires et poids lourds en Inde, voit dans Iveco un levier pour accélérer sa pénétration sur les marchés occidentaux. À l’inverse, Iveco, confronté à une concurrence européenne féroce et à des exigences environnementales croissantes, pourrait bénéficier des volumes, des coûts réduits et de l’agilité industrielle de son nouveau propriétaire.
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Les chaînes de production, situées pour Iveco principalement en Europe, et pour Tata en Asie, pourraient à terme être coordonnées pour répondre aux fluctuations du marché global. Cette complémentarité logistique, si elle est bien exploitée, pourrait optimiser les délais, réduire les coûts de fabrication, et renforcer la compétitivité des deux marques réunies sous une même bannière.
La question énergétique reste essentielle
Iveco, engagé dans le développement de motorisations à énergies alternatives – gaz naturel, électrique et hydrogène – pourrait voir sa feuille de route ajustée. Aucun changement n’a été annoncé pour l’instant, mais le passé invite à la prudence. Lors du rachat de Fiat par PSA, la gamme GNV a rapidement été abandonnée.
Mais Tata Motors n’est pas PSA. En Inde, le constructeur indien développe activement la filière GNV, soutenue par des politiques publiques ambitieuses. Plusieurs projets ont déjà vu le jour dans le secteur des utilitaires. Cette expérience, si elle est valorisée, pourrait renforcer les ambitions gazières d’Iveco, plutôt que les réduire. L’union pourrait donc s’avérer bénéfique, en donnant une impulsion industrielle à des projets qui manquaient parfois de moyens. De même, sur l’électrification, Tata n’a rien à envier aux constructeurs occidentaux. Avec une gamme de bus et camions électriques déjà sur les routes indiennes, le groupe indien montre qu’il maîtrise les enjeux technologiques de demain. En associant ses avancées avec le savoir-faire européen d’Iveco, un nouveau pôle d’innovation pourrait émerger, à cheval sur deux continents.