Une saison ne se résume pas à une statistique, mais parfois les chiffres parlent d’eux-mêmes. Sixième au Brésil, troisième aux États-Unis, deuxième au Japon après avoir dicté le rythme pendant près d’un tiers de la course. Depuis l’été, le Team Peugeot TotalEnergies monte en puissance, course après course, au point d’arriver à Bahreïn avec une confiance assumée — et des ambitions claires.
Le cadre, lui, ne pardonne rien. Le tracé de Sakhir, 5,412 km d’asphalte abrasif cuit par le soleil et le vent du désert, impose une gestion chirurgicale des pneumatiques, un mental d’acier et une mécanique qui ne doit jamais trembler. « C’est une course qui use tout, les pièces comme les hommes », résume avec lucidité Olivier Jansonnie, directeur technique de Peugeot Sport.
Les 8 Heures de Bahreïn ne sont pas une étape comme une autre. Elles sont un rituel de clôture, un baromètre, parfois un couperet. Pour Peugeot, elles sont surtout l’occasion de boucler la saison la plus aboutie de son retour en Endurance.
Le souvenir d’une remontée qui vaut des victoires
L’édition 2024 reste gravée dans les murs du garage Peugeot. Parti 18e, le trio Jensen–Müller–Vergne avait défié toutes les statistiques pour ramener la 9X8 93 sur le podium. Une ascension presque insensée, fruit d’un pilotage propre, d’un rythme régulier et d’un choix de stratégie qui a pris tout le monde à contre-pied.
Un an plus tard, cette page inspire encore. Et l’un des héros de cette remontada va refermer son propre chapitre.
Car Bahreïn 2025 marquera la 26e et dernière course de Mikkel Jensen au sein du programme Hypercar de Peugeot. Danois discret, jamais dans l’esbroufe, mais toujours dans le juste, il incarne une forme rare de régularité. Pas un pilote qui crie, un pilote qui fait.
« Il a été là quand personne n’avait de certitudes. Il a enduré, construit, porté le projet avec nous », souligne Jean-Marc Finot, patron de Stellantis Motorsport. Le ton n’est pas protocolaire. Presque intime. On sent que le départ touche tout un clan.
Trois podiums mondiaux, des relais solides, un rôle essentiel dans le développement de la 9X8 : Jensen ne quitte pas Peugeot par la petite porte. Il a été un morceau de fondation, pas simplement un chapitre.
Un nouveau lionceau entre en piste
S’il y a une page qui se tourne, une autre commence. Théo Pourchaire, 22 ans, champion de F2 2023, va enfin passer du simulateur au réel. Du débrief à l’attaque. Du statut d’observateur à celui d’acteur.
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Le décor n’est pas inconnu : c’est à Bahreïn qu’il avait découvert la 9X8 lors des tests rookies l’année dernière. Cette fois, il arrive pour courir. Pas pour apprendre en marge, mais pour compter.
Associé à Malthe Jakobsen et Loïc Duval sur la 94, le Français arrive avec un mélange de prudence et d’appétit. « Je me sens prêt. J’ai vécu des courses de l’intérieur avec l’équipe, au simulateur, dans les briefings, dans les choix techniques. Là, je passe à l’étape suivante. Et c’est excitant. »
Jakobsen, lui, attend beaucoup de ce trio renouvelé. Le premier podium mondial à Austin a allumé une étincelle qu’il compte faire durer. « On veut finir haut. Très haut. Finir fort, pour lancer 2026 sur la bonne fréquence », martèle le Danois.
Un week-end dense, un final sous haute tension
Le programme ne laisse aucun temps mort :
- Jeudi 6 novembre : deux séances d’essais libres (2 × 90 min)
- Vendredi 7 novembre : 60 minutes d’essais, puis 12 minutes de qualifications pour intégrer le top 10
- Hyperpole dans la foulée pour les meilleurs
- Samedi 8 novembre : départ de la 101e course FIA WEC à 14h00 locales (13h00 CET)
- Dimanche 9 novembre : test post-saison avec Cassidy, Beche et Quinn
Un marathon qui exige endurance, lucidité, et une part essentielle de calcul. Parce qu’à Bahreïn, l’erreur est rarement spectaculaire. Elle est lente. Elle ronge les pneus, le rythme, les relais, jusqu’à vous sortir du match sans même vous en rendre compte.
Dans le clan Peugeot, on ne parle pas de titre. Ni d’exploit. On parle de boucle à boucler. De promesse à tenir. De trajectoire à confirmer. Et surtout, de sortie de scène digne pour ceux qui s’en vont, et d’entrée en matière propre pour ceux qui arrivent.
Comme dans toute bonne histoire d’Endurance, rien n’est écrit. Mais les derniers chapitres sont souvent les plus beaux.
Peugeot en est convaincu. Et Bahreïn attend la suite.
