La Dacia Spring, petite citadine électrique à bas coût et modèle emblématique de la filiale roumaine de Renault, continue d’être assemblée en Chine en 2025. Cette stratégie, héritée du lancement en 2021, interroge toujours. Car malgré les débats sur une relocalisation européenne, le choix de l’usine de Shiyan, dans le Hubei, reste intact. À la clé : un prix imbattable, mais aussi des critiques persistantes.
Une production née de la logique économique
Dès ses débuts, la Spring a été pensée pour répondre à une équation simple : offrir une voiture électrique accessible sans alourdir les coûts. La Chine s’imposait alors comme terrain idéal. Main-d’œuvre moins chère, filières locales pour batteries et composants électriques, écosystème industriel déjà mature. Produire ailleurs aurait augmenté les coûts de 20 à 30 %, rendant la Spring bien moins attractive.
Cette usine de Shiyan, partagée par Dongfeng, Renault et Nissan, avait déjà l’expérience du modèle Renault City K-ZE, dont la Spring dérive directement. Grâce à cette base, Renault a pu lancer le modèle en Europe dès 2021, sans attendre une nouvelle implantation. En parallèle, la stratégie low-cost de Dacia – simplicité, robustesse, prix serrés – s’est alignée parfaitement sur cette solution.
Des pressions politiques et sociales fortes
Ce choix n’a jamais fait l’unanimité. En France, dès 2020, syndicats et politiques ont dénoncé l’importation d’un véhicule fabriqué à 15 000 kilomètres, surtout après le soutien financier massif accordé à Renault par l’État. Les critiques portent sur l’emploi local, mais aussi sur l’empreinte carbone générée par le transport maritime.
Depuis octobre 2024, la question s’est encore durcie. L’Union européenne a instauré des droits de douane punitifs sur les véhicules électriques chinois, jusqu’à 38 %. La Spring échappe partiellement à ces hausses grâce à son taux d’intégration locale en Chine. Mais la rentabilité du modèle s’en trouve érodée, au point de fragiliser sa place sur le marché.
Une transition qui s’annonce
En 2024, la Spring a reçu un restylage discret – un design modernisé et une version Extreme dotée d’un chargeur V2L. Mais pas de changement sur le site de production. Résultat : des ventes en recul de 20 % sur l’année, conséquence directe des hausses tarifaires et de la concurrence accrue.
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Pour autant, la fin de cycle approche. Renault prépare un successeur, produit en Europe cette fois. L’usine de Pitesti en Roumanie et des sites français figurent parmi les candidats. Ce nouveau modèle, basé sur la plateforme CMF-EV, pourrait arriver entre 2026 et 2027, avec une autonomie de 300 km et un prix annoncé sous les 18 000 €. Le nom n’est pas encore arrêté – Sandero Electric ou Twingo E-Tech circulent déjà – mais l’esprit low-cost sera conservé.
Les forces et les limites d’une stratégie
Produire la Spring en Chine a permis de maintenir un prix d’appel inférieur à 15 000 €, ce qui en a fait la voiture électrique la plus abordable d’Europe. Dans les grandes villes, elle a trouvé son public : compacte, légère, simple d’usage. Mais les compromis sont évidents : seulement trois étoiles Euro NCAP, une autonomie modeste, et une logistique de transport contestée.
Dacia met en avant le poids réduit du modèle, moins de 1 000 kg, qui compense en partie son acheminement sur longue distance. Mais les critiques sur les pneus d’origine, jugés perfectibles, ou sur les performances en usage autoroutier, persistent.
Conclusion
En 2025, la Dacia Spring reste chinoise. Une décision autant dictée par la logique des coûts que par la nécessité d’occuper le créneau du tout-électrique abordable. Mais ce choix ne sera pas éternel. Les nouvelles réglementations européennes, les droits de douane et la volonté de relocaliser la filière forcent Renault à accélérer la transition.
Son successeur européen est déjà en préparation. Plus moderne, plus local, il viendra remplacer la petite Spring d’ici deux ans. En attendant, le modèle actuel continue d’offrir une alternative unique pour qui cherche une électrique neuve à prix plancher.