Face à une flambée des droits de douane et à une demande croissante de mobilité individuelle en Turquie, Honda accélère : la marque japonaise lance officiellement la construction d’une usine de production de motos dans le quartier de Çoraklar, à Aliağa (Izmir), pour un investissement de 861 millions de livres turques, soit environ 26,7 millions de dollars. Objectif : produire plus de 200 000 motos par an dès la première phase, en misant sur le best-seller PCX 125 et d’autres modèles à venir.
Une réponse directe à la pression fiscale sur les importations
Avec des coûts d’importation en hausse de plus de 400 %, liés à la mise en place d’une taxe de surveillance douanière, la production locale devient une nécessité stratégique. Honda prend les devants en lançant un projet industriel ambitieux pour pérenniser sa présence sur le marché turc tout en gagnant en compétitivité.
En Turquie, la mobilité à deux roues n’est plus un marché marginal : c’est un levier d’autonomie pour les particuliers et un outil vital pour les professionnels de la livraison. En internalisant la production, Honda vise un double bénéfice : stabilité économique et maîtrise des coûts de vente.
100 000 m² pour plus de 200 000 motos par an
Le projet a été soumis au Ministère turc de l’Environnement, de l’Urbanisme et du Changement climatique, dans le cadre d’une évaluation d’impact environnemental (EIA). La future usine sera érigée sur un terrain de 100 000 m² appartenant à Anatolia Natural Stone Ceramics, dans une zone industrielle organisée, prévue dans le plan régional d’aménagement Izmir–Manisa.
Capacité de production annoncée : 204 500 unités par an dès la première phase, pour 172 emplois directs créés.
Le dimensionnement initial et l’emplacement stratégique de l’usine montrent une vision long terme. Située au cœur d’un bassin industriel dynamique, la structure bénéficie d’un écosystème logistique et d’infrastructures modernes, idéales pour absorber la croissance future et préparer des volumes d’exportation.
Des modèles ciblés : du scooter urbain à l’export européen
Les premiers modèles à sortir des lignes d’assemblage sont déjà identifiés :
- Le PCX 125, un scooter emblématique chez Honda, prisé pour sa fiabilité et son rendement en ville.
- L’Activa 125, destiné à compléter l’offre urbaine.
- Un futur modèle 1 500 cm³, pensé pour l’export vers l’Europe, pourrait être une version agrandie d’un modèle existant ou un tout nouveau scooter grand format.
Les décisions finales sur les modèles à produire seront actées dans les semaines à venir.
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Une base industrielle modulaire et évolutive
L’usine d’Aliağa a été pensée pour accueillir plusieurs lignes d’assemblage et une montée en cadence progressive. Sa modularité permettra d’intégrer rapidement de nouveaux modèles ou variantes, en fonction de la demande ou de la stratégie export.
La localisation dans une zone à vocation industrielle planifiée garantit également des facilités d’approvisionnement, des réseaux de sous-traitants et des capacités de montée en puissance optimisées.
Honda construit un outil industriel flexible, scalable et résilient, qui pourra s’adapter aux fluctuations du marché, aux évolutions réglementaires et aux tendances technologiques — notamment l’électrification à moyen terme.
Honda ancre sa stratégie industrielle en Turquie
L’annonce de cette usine à Izmir représente bien plus qu’un simple investissement local. C’est le symbole d’un repositionnement industriel dans un contexte global tendu, où chaque constructeur doit jongler avec la pression des coûts, l’évolution des usages et la nécessaire transition énergétique.
Ce qu’il faut retenir :
- Une capacité initiale ambitieuse de plus de 200 000 motos par an,
- Une réponse directe à la hausse des coûts d’importation,
- Une volonté affirmée de produire local pour rayonner global,
- Et une base stratégique pour accompagner la croissance du deux-roues en Méditerranée orientale.
Avec ce projet, Honda ne se contente pas de protéger ses parts de marché : il construit une rampe de lancement industrielle pour sa prochaine génération de motos.