En 2026, Lancia compte frapper un grand coup : faire renaître le nom Gamma sous la forme d’une supercar 100 % électrique. Un pari qui n’est pas un simple clin d’œil nostalgique, mais une stratégie pensée pour réactiver l’aura d’un modèle oublié… et pourtant fondateur. Car derrière ce nom, il y a l’histoire d’une machine qui, en 1910, avait déjà bouleversé son époque.
Un précurseur en avance sur son temps
Le premier Lancia Gamma n’était pas un simple véhicule : c’était une démonstration technique. Lancé en 1910, il portait aussi les appellations 20 HP ou Tipo 55. Il succédait au Beta, poursuivant la tradition maison d’utiliser les lettres grecques. Vincenzo Lancia voulait marier innovation et performance — et le Gamma en devint la preuve éclatante.
Sous son long capot, un moteur quatre cylindres en ligne à soupapes latérales. Cylindrée : 3 460 cm³. Puissance : 40 chevaux. Matériau : fonte, moulée en monobloc. Résultat : une vitesse de pointe de 110 km/h. En 1910, c’était vertigineux. Peu de voitures franchissaient alors la barre des 80 km/h. Ce chiffre seul suffisait à placer Lancia dans le cercle restreint des constructeurs visionnaires.
Quand la route menait à la course
Lancia ne s’arrêta pas là. Pour séduire les amateurs de compétition, la marque proposa une déclinaison surpuissante : 4,7 litres de cylindrée, plus de 50 chevaux. La machine devenait une bête de circuit. Mais l’innovation ne résidait pas seulement dans la mécanique.
Aux “gentlemen drivers”, Lancia offrait un choix inédit : ajuster l’empattement, modifier l’angle de la colonne de direction, sélectionner les rapports de boîte. Un sur-mesure digne des plus grands ateliers actuels. Chaque voiture devenait un prolongement du pilote, adaptée à sa position, à ses réflexes, à son style. Une philosophie que Lancia revendique encore.
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L’épisode Pininfarina
Le nom Gamma réapparut bien plus tard, entre 1976 et 1984, sur une berline dessinée par Pininfarina. Cette fois, le terrain n’était plus la piste, mais la route haut de gamme. L’accent était mis sur le design, la fluidité des lignes, le confort. Lancia prouvait qu’elle savait réinventer ses icônes sans renier leur noblesse.
Ce cycle de réinterprétations montrait déjà une idée clé : un nom chargé d’histoire peut redevenir un étendard. Utiliser le prestige du passé pour propulser une nouveauté — une stratégie que nombre de marques premium ont depuis adoptée.
2026 : retour d’un nom, début d’une ère
Cent seize ans après la première, une nouvelle Gamma verra le jour. Électrique. Puissante. Pensée pour rivaliser avec les références mondiales de la supercar zéro émission.
Le choix du nom n’est pas un hasard. Le Gamma, dans la mémoire de Lancia, reste un symbole d’avant-garde. En l’associant à un modèle électrique de pointe, la marque lie directement ses racines mécaniques au futur de la mobilité. Face à Tesla, Lucid ou Porsche Taycan, Lancia pourra jouer une carte que ses rivaux n’ont pas : la profondeur historique.
La nouvelle Gamma devra convaincre. Non seulement par ses performances, mais par la façon dont elle portera l’héritage de 1910 dans un monde où la vitesse se mesure aussi en kilowatts et en temps de recharge. Si elle réussit, elle fera plus que ressusciter un nom : elle bouclera une boucle commencée il y a plus d’un siècle, quand une voiture italienne prouvait déjà qu’innovation et audace pouvaient rouler côte à côte.