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Renault 40 : L’ambition premium avortée, née en Argentine

Renault 40 - Robert Broyer

Dans les années 70, Renault rêvait de conquérir le haut de gamme avec la Renault 40, un projet audacieux né en Argentine. Héritière de la Torino, cette berline-coupé au design Pininfarina aurait pu défier Mercedes et BMW. Mais le destin – décès du PDG, crise pétrolière, normes sécurité – en décida autrement. Retour sur une icône oubliée qui préfigurait les R14, R20/30 et R18.

Des origines argentines : IKA et la Torino

Tout commence en 1955 avec Industrias Kaiser Argentina (IKA), qui assemble des Jeep et Kaiser. En 1959, Renault entre au capital pour produire la Dauphine locale. En 1962, IKA lance la Torino : design Pininfarina, moteur 6-cylindres 3,0 L (140 ch), elle domine le marché argentin (100 000 unités jusqu’en 1982). En 1967, Renault devient majoritaire chez IKA-Renault. Yvon Lavaud, PDG français, tombe sous le charme de la Torino et imagine une descendante premium pour l’Europe.

Projet R40 : Une vision transatlantique

En 1971, le projet Torino IV devient R40. Robert Broyer et Gaston Juchet (futurs designers R14/R20) rompent avec la Torino : lignes fluides, calandre agressive, proportions élancées. Deux versions : berline 4 portes et coupé 2 portes. Moteur 6-cylindres 3,8 L (178 ch, 300 Nm), boîte manuelle 5 rapports ou auto 3. Vitesse max 200 km/h, 0-100 en 9 s. Adaptations prévues : version européenne (suspensions raffermies) et argentine (garde au sol relevée). Objectif : 50 000 unités/an, prix autour de 25 000 F (équivalent 30 000 € aujourd’hui).

Un prototype prometteur, un destin brisé

Janvier 1972 : un prototype échelle 1 est présenté à Paris. « Une Renault qui peut rivaliser avec les allemandes », note la presse. Mais en 1973, Yvon Lavaud meurt dans un crash d’avion. La crise pétrolière explose (+400 % prix essence), les normes crash US/EU durcissent. Renault, endetté, abandonne la R40 en 1974. La R18 (1978) reprend des éléments stylistiques pour l’Argentine, tandis que la Torino s’éteint en 1982.

Une audace oubliée

La Renault 40 illustre l’ambition Renault des 70 : conquérir le premium depuis l’Argentine. Son design préfigurait les futures icônes, son moteur 6-cylindres aurait défié les stars allemandes. Mais les crises et le destin en décidèrent autrement. Un « what if » fascinant : et si la R40 avait vu le jour ? Renault aurait peut-être évité 30 ans de milieu de gamme. Une page d’histoire qui roule encore dans les rêves.

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