Accueil Actualité Stellantis investit 13 milliards de dollars aux États-Unis pour relancer sa production...

Stellantis investit 13 milliards de dollars aux États-Unis pour relancer sa production et créer des emplois

Jeep Cherokee 2026

Stellantis, géant franco-italo-américain dirigeant les marques Jeep, Dodge et Ram, dévoile un plan ambitieux. Il injecte 13 milliards de dollars sur quatre ans, marquant un investissement historique aux États-Unis.

Antonio Filosa, directeur général et responsable des opérations pour l’Amérique du Nord, annonce cette stratégie audacieuse mardi depuis Auburn Hills, dans le Michigan. L’objectif principal vise à augmenter la production de 50 % d’ici 2029. Ce plan inclut le lancement de cinq nouveaux modèles, 19 évolutions de produits existants et la création de plus de 5 000 emplois. Le contexte est tendu : les tarifs douaniers américains, imposés récemment, alourdissent les importations d’1,7 milliard de dollars en 2025. Les ventes aux États-Unis, en chute de 42 % depuis 2018, exigent une relocalisation massive. Mais ce pari colossal, entre symboles industriels et transition énergétique hésitante, transformera-t-il le paysage automobile nord-américain ?

Un plan ambitieux booste production et emploi

Cet investissement, porté à 13 milliards de dollars, dépasse les estimations de janvier de 30 %. Les fonds sont alloués à la recherche, au développement, aux partenariats avec les fournisseurs et à la modernisation des usines. Filosa souligne : « Ce plan, le plus important jamais réalisé aux États-Unis, soutient notre croissance et renforce notre présence industrielle dans les régions où nous opérons. » Il prévoit le lancement de cinq modèles neufs, dont un pick-up de taille moyenne et un grand SUV électrique avec une autonomie étendue. S’ajoutent 19 mises à jour, comme la prochaine génération du Dodge Durango. Le résultat attendu ? Plus de 5 000 emplois créés à travers le pays.

Les tarifs douaniers, imposés par l’administration américaine à 25 % sur les importations du Mexique et du Canada, forcent une adaptation. Stellantis, avec ses 34 sites, ses 48 000 salariés et ses 2 300 fournisseurs dans 14 États, consolide sa position. Des incertitudes persistent : les négociations d’aides gouvernementales, comme celles accordées à General Motors à Orion, pourraient compliquer l’exécution.

Plan d'investissement des 13 milliards de dollars de Stellantis aux États-Unis
Plan d’investissement des 13 milliards de dollars de Stellantis aux États-Unis

Illinois : Belvidere renaît avec Jeep Cherokee et Compass

Le symbole de ce plan, c’est l’usine de Belvidere dans l’Illinois. Fermée fin 2023 et marquée par les tensions avec le syndicat United Auto Workers (UAW) lors de la grève de 2023, elle reçoit 600 millions de dollars. La production démarrera en 2027 et produira le Jeep Cherokee et le Jeep Compass. Environ 3 300 emplois seront créés, soit un tiers du total promis, validant l’accord UAW de 2023 qui prévoyait 18,9 milliards de dollars d’investissements d’ici 2028.

Cette relance dépasse la symbolique. Belvidere, inactive depuis le déclin du Cherokee (ventes en chute de 70 % en 2023), tourne une page sous Filosa, succédant à Carlos Tavares critiqué pour avoir privilégié les profits aux volumes. Les modèles Jeep, potentiellement hybrides ou prêts pour une version électrique, ciblent le segment des SUV qui domine 50 % du marché américain face au Toyota RAV4 et au Honda CR-V. Socialement, l’espoir renaît dans une région rurale où le chômage dans l’automobile atteint 15 %, apaisant les syndicats. Le démarrage en 2027 pose un défi : les importations temporaires augmenteront les coûts de 200 millions de dollars. Si des hybrides sont intégrés, les normes d’émissions CAFE seront respectées ; sinon, un pari sur les moteurs thermiques risque des sanctions environnementales.

Ohio : Toledo conquiert le marché des pick-ups

L’usine de Toledo dans l’Ohio reçoit 400 millions de dollars. Un nouveau pick-up de taille moyenne y naîtra, rejoignant les Jeep Wrangler et Gladiator déjà assemblés. Cette modernisation, incluant des technologies avancées comme l’intelligence artificielle pour l’assemblage, générera plus de 1 000 emplois indirects.

Les pick-ups, représentant 25 % des ventes aux États-Unis avec Ram en tête, motivent ce choix. Ce modèle concurrencera le Ford Ranger, le Chevrolet Colorado et proposera une option électrique avec prolongateur d’autonomie pour défier le Tesla Cybertruck. Toledo, hub Jeep avec 200 000 unités annuelles, gagne en flexibilité face aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement, notamment la pénurie de semi-conducteurs en hausse de 15 % en 2025. Face à General Motors, qui a investi 4 milliards de dollars en juin pour son usine d’Orion dédiée aux véhicules électriques, Stellantis doit accélérer sa transition énergétique. Son plan limite les véhicules électriques à 10 % contre 30 % chez ses rivaux. Économiquement, l’emploi est renforcé dans l’Ohio, où le taux de chômage est de 4 %, bien que l’UAW reste vigilant sur les salaires après la grève.

Michigan : Warren et Detroit misent sur les grands SUV

Le Michigan, cœur historique de Stellantis avec les sites de Windsor et Detroit, accueille deux projets. Warren reçoit 100 millions de dollars pour moderniser son usine et accueillir un grand SUV inédit, proposé en versions thermique et électrique avec prolongateur d’autonomie, créant 900 emplois. Detroit, à l’usine Jefferson, obtient 130 millions de dollars pour préparer la prochaine génération du Dodge Durango en 2029, ajoutant 500 emplois.

Ces initiatives ciblent le segment des grands SUV, qui représente 30 % du marché américain. Warren adopte des technologies hybrides 48 volts, tandis que Jefferson prolonge la lignée du Durango face à la poussée des véhicules électriques. Cette approche pragmatique répond à une réalité : 70 % des consommateurs préfèrent les moteurs thermiques ou hybrides, alors que les ventes d’électriques ont reculé de 20 % en 2025. L’annulation de projets comme le Jeep Gladiator électrique expose Stellantis à la concurrence de Tesla et Ford. Économiquement, ces 1 400 emplois redynamisent Detroit, bien que l’inflation des coûts d’investissement, en hausse de 10 %, érode les marges.

Indiana : Kokomo devient un centre moteur avec le GMET4 EVO

Kokomo, dans l’Indiana, investit 100 millions de dollars pour produire le moteur GMET4 EVO, un bloc quatre cylindres adapté aux véhicules hybrides, dès fin 2026, créant une centaine d’emplois. Les États-Unis deviendront ainsi le centre mondial de fabrication de ce groupe motopropulseur.

Kokomo, déjà spécialisé dans les moteurs comme le Hurricane 3.0L, pivote vers des technologies hybrides pour moderniser la gamme de Stellantis, qui prévoit 19 évolutions de modèles. Ce moteur, 20 % plus efficace que ses prédécesseurs, renforce l’indépendance face aux tarifs douaniers sur les importations asiatiques et respecte les normes d’émissions CAFE. L’absence d’un focus majeur sur les véhicules entièrement électriques place Stellantis derrière General Motors et ses batteries Ultium. Sur le plan social, cet investissement soutient l’emploi dans une région rurale de l’Indiana, consolidant les relations avec les 2 300 fournisseurs existants.

Une stratégie globale mise sur recherche, fournisseurs, innovation

Trente pour cent du budget sont consacrés à la recherche, au développement et aux partenariats avec les fournisseurs pour offrir d’ici 2029 une gamme actualisée avec des hybrides, des prolongateurs d’autonomie et des moteurs thermiques optimisés. Avec ses 48 000 salariés aux États-Unis, Stellantis renforce un écosystème solide.

Cette approche intègre les engagements pris avec l’UAW en 2023, qui prévoyaient 18,9 milliards de dollars d’investissements d’ici 2028, tout en tenant compte des tarifs douaniers comme une variable économique clé. Filosa précise : « Les tarifs douaniers sont une contrainte à gérer. » Le faible accent sur les véhicules électriques, limité à 10 % du plan, reflète les tendances actuelles du marché. Les ventes d’électriques ont chuté de 15 % en 2025, favorisant les hybrides pour maintenir les volumes. Socialement, la création de 5 000 emplois apaise les tensions syndicales. Économiquement, une augmentation de 50 % de la production générera 10 milliards de dollars de chiffre d’affaires supplémentaire. Toutefois, la baisse de 24 % des actions de Stellantis depuis le début de l’année exige des résultats rapides.

Un signal fort ancre l’avenir américain

Ce plan protège les impacts des tarifs douaniers, estimés à 1,7 milliard de dollars, en relocalisant 50 % de la production, en créant des emplois et en diversifiant avec des pick-ups et des SUV. L’annonce a fait grimper les actions de 4 %.

Cette stratégie profite aux syndicats comme l’UAW, qui voient les emplois se multiplier, et aux fournisseurs américains, dont les contrats pourraient augmenter de 20 %. Les partisans des véhicules électriques sont déçus par le report de projets comme le Gladiator. Face à General Motors, qui a investi 4 milliards de dollars en juin, cette initiative reste compétitive. Cependant, l’inflation des coûts et l’imprévisibilité de l’administration Trump posent des défis. Socialement, la relance de Belvidere redonne vie au Midwest. Écologiquement, les hybrides réduiront les émissions de dioxyde de carbone de 15 % par rapport à 2024.

Perspectives : 2027, une année décisive pour le rebond

La production des nouveaux moteurs débutera fin 2026, tandis que l’usine de Belvidere redémarrera en 2027. D’ici 2029, Stellantis atteindra son objectif de 50 % d’augmentation de la production et lancera les cinq nouveaux modèles. À court terme, ce plan atténuera les effets des tarifs douaniers et stimulera les ventes au quatrième trimestre 2025. À plus long terme, le succès du pick-up de taille moyenne pourrait viser 20 % de part de marché aux États-Unis, renforçant le leadership. Un éventuel mandat sur les véhicules électriques sous une nouvelle administration compliquerait la stratégie. L’enjeu sera d’aligner cette dynamique américaine avec les 13 milliards d’euros investis en Europe, notamment en France, pour des synergies globales.

Stellantis parie gros sur l’Amérique pour un renouveau industriel

Avec 13 milliards de dollars, Stellantis ne réagit pas seulement aux tarifs douaniers ; il pose les bases d’un renouveau industriel aux États-Unis. Ce plan, porté par Antonio Filosa, allie création d’emplois, relocalisation et diversification vers les hybrides et les SUV. Si la relance de Belvidere en 2027 réussit, elle marquera un tournant historique après les difficultés sous Carlos Tavares. L’Amérique attend avec impatience : ce pari audacieux pourrait redonner à Stellantis sa place au sommet.

Quitter la version mobile