Tokyo auto salon 2020, carnet de voyage au Japon
Tokyo auto salon 2020, carnet de voyage au Japon

Situé de l’autre côté de la planète, le Japon prend la forme d’un archipel composé de 6 852 îles de plus de 100 m2, dont 430 habitées. Pourtant, ce petit bout de terre à l’échelle de l’Asie n’en est pas moins grand par son histoire, sa culture ou sa force économique. Pour les passionnés d’automobile, c’est aussi l’eldorado de la mécanique de pointe et de la personnalisation à outrance. Si toutes les agences de voyages ou guides touristiques vous conseillent de planifier votre voyage au printemps, à l’occasion des Sakura, ou à l’automne pour visiter les temples avec en toile de fond des arbres orangés, nous conseillerons sans retenue d’y prévoir une virée au mois de janvier. Une période certes dénuée de festivités ou d’une quelconque végétation colorée, mais qui accueille l’une des plus grandes messes de l’automobile au monde : le Tokyo Auto Salon. PNC aux portes, attachez votre ceinture, nous vous emmenons en terre nipponne.

Avec l’ensemble de ses spécificités culturelles, linguistiques ou même géographiques, le Japon pose d’innombrables barrières dans l’inconscient des voyageurs. Pourtant, le pays situé à douze heures de vol de Paris est d’une incroyable accessibilité. Il suffit pour s’en convaincre de se munir d’un billet d’avion vers la capitale nipponne, habitée par deux aéroports internationaux. Si Narita gagne la palme de la popularité, le hub d’Haneda se révèle le choix le plus judicieux : plus compact que les installations de son homologue, l’aéroport n’en est pas moins facile, voire plus pratique. Arigato gozaimas (traduction de « merci » en langue japonaise) de l’agent qui rend le passeport tamponné, sac en main, les portes s’ouvrent sur les yokoso (bienvenue) des agents d’accueil, sur le qui-vive d’un voyageur égaré.

Tokyo a cette faculté de ne pas laisser le temps au visiteur de s’accommoder de l’environnement ou d’un quelconque décalage horaire, pouvant atteindre les huit heures de différence avec la France au lendemain des fêtes de fin d’année : la mégalopole pétille, scintille de mille feux et délivre une douce frénésie. Chaque coin et recoin mérite une attention particulière et réveille tous les sens. Une arrivée en début de soirée fait naître l’avantage du décalage : à cette heure avancée, mon horloge interne d’Européen m’autorise alors quelques heures d’éveil pour m’offrir une rapide excursion nocturne dans la capitale japonaise.

Cette virée commence obligatoirement par le Tokyo Monorail, qui se connecte à la ligne circulaire Yamanote de la ville. Plus rapide que le Narita Express en raison de sa proximité, et donc moins onéreux (490 yens contre 3 020 yens), il se montre autrement plus intéressant : avec sa grande bouche avalant près de 18 km de rails dans un sens, le monorail, construit à l’occasion des Jeux olympiques de 1964 est l’une des cartes postales de la ville, élevé au rang de fierté au même titre que l’industrie automobile locale, dont Honda fait partie.

Comme pour les automobiles du constructeur, c’est cet aspect technologique qui ressort en premier dans la tentaculaire Tokyo, qui affiche un inquiétant plan du métro. Ou des métros, puisque deux sociétés privées distinctes se partagent le réseau de souterrains, auxquelles vient s’ajouter la compagnie nationale JR Line. Donnant d’autant plus le tournis qu’un décalage horaire, le lot de spaghettis colorés placardé dans les couloirs immaculés est pourtant d’une étonnante simplicité. Cette organisation des lignes reflète la volonté obsessionnelle des Japonais à améliorer et faciliter, encore et toujours, le quotidien. Comme la représentation en plastique des plats d’un restaurant pour se faire un avis préalable ou les marches de quelques escaliers qui comptent graduellement le nombre de calories perdues à chaque pas.

C’est cette même volonté de transparence, de fluidité et d’évidence qui se retrouve à travers l’ergonomie des modèles Honda, les Magic Seat d’une Jazz, ou même le petit dictionnaire anglais-français au dos du pare-soleil conducteur d’une Honda Civic, par exemple, pour aider le conducteur à ne pas perdre son latin derrière le volant.

Je trouve donc aisément mes repères sous terre pour rejoindre mon hôtel et m’aventurer dans la capitale illuminée. A09 à A15 dans un premier temps, puis A15 vers A14 et H14 à H16 pour m’enivrer du rythme d’Akihabara. Ce type de langage étonnant occupera ma tête durant toute la durée de mon séjour : chaque ligne est repérée par une couleur et une lettre spécifiques, alors que chaque station desservie est indiquée par un numéro.

En raison de sa connexion directe avec Hamamatsucho, terminus du Monorail, de sa proximité entre les différentes connexions ferroviaires et sites touristiques, pour un budget très raisonnable dans l’une des villes les plus onéreuses du monde, c’est l’hôtel APA Higashi-Nihombashi Ekimae qui a retenu mon attention. Cette grande chaîne populaire au Pays du Soleil Levant est tout à fait suffisante pour les explorateurs comme nous qui passeront le plus clair de leur temps à plonger au fin fond de la scène automobile tokyoïte. Pour cette mise en bouche, je me laisse donc guider au-delà de la rivière Kanda Gawa pour rejoindre le quartier d’Akihabara, surnommé Electric Town. C’est le paradis des jeunes et autres geeks vouant une passion débordante aux mangas et jeux vidéo. Ici, un bâtiment spécifique aux jeux avec de bruyantes et lumineuses salles d’arcade, là, un hobby shop de plusieurs étages où chacun est dédié à une thématique (figurine de manga, cosplay ou miniatures d’objets motorisés ou non).

Touriste pas comme les autres, c’est le bâtiment de l’UDX qui m’attire. Cette tour offrant ses locaux à plusieurs entreprises repose sur un parking souterrain devenu le repaire des passionnés d’automobiles. Les portes de l’ascenseur s’ouvrent sur l’étage B1F (caractérisant le premier sous-sol) sur un rassemblement passablement autorisé de sportives japonaises et autres automobiles lambda entièrement transformées. Le rapprochement avec le film Tokyo Drift n’a jamais été aussi fort, à la vue de ces incroyables machines. Avec tous ses appendices aérodynamiques étudiés pour améliorer ses performances, une Honda Civic Type R sortie d’usine aurait de quoi rougir entre ces murs. Car n’oublions pas que nous sommes à Akhiabara, le cœur de la culture geek de la ville : les néons sous les châssis sont de mise, tout comme les ailerons proéminents ou même, une carrosserie à l’effigie de certaines vedettes de manga ! Mais la fête éphémère est de courte durée.

Depuis quelques mois, la police locale a décidé de refroidir ces rassemblements mécaniques. Avertis par leurs copains, les jeunes décampent vers un autre point de rendez-vous, non loin de Shibuya. Tout le monde se met en route vers la sortie du parking sur une note rythmée des dumpvalves, signe de moteurs surgonflés. C’est moins étonnant en provenance d’une Skyline ou d’une Supra, que d’une Subaru R1 affûtée ou d’une minuscule Honda S660. Il y a visiblement un décalage entre le son et l’image. Le décalage horaire me jouerait-il des tours ? En sortant au pied des buildings, la rencontre avec un cortège de personnages de dessins animés et de jeux vidéo sur des kartings lumineux fait tomber le verdict : le jet-lag a eu raison de mon esprit, il est l’heure d’aller se coucher !

Deuxième partie : découverte de Tokyo

Après une nuit hachée comme un pavé de saumon sous un couteau Yanagiba, il est l’heure de se réveiller. L’esprit est encore flou, comme si les tribulations de la veille n’étaient qu’un simple rêve. Le petit déjeuner typique à base de mets encore difficilement identifiables ou d’un café transformé en gelée à déguster à la cuillère ne laisse plus planer le doute : je suis bel et bien au Japon.

Par où commencer ? Cette question prend une forme existentielle face à l’immensité de la mégalopole vingt fois plus grande que Paris intra-muros ! Partagée entre modernité et tradition, la capitale offre de très nombreuses surprises aux voyageurs. À cela, il ne faut pas hésiter à ajouter une liste interminable d’autres monuments et attractions touristiques pour nous autres, passionnés d’automobiles. Du fait de leur nombre et de leur position géographique, une semaine ne serait pas suffisante pour faire un circuit de tous les musées officiels et autres garages qui font la réputation des voitures japonaises. Je me laisserais donc guider par le vent pour cette journée qui s’annonce intense.

J’entame dès lors un trajet me menant au plus près de Shibuya. Sur mon chemin, je décide de faire un crochet par le quartier d’Aoyama, fief du Honda Welcome Plaza. Inaugurée le 19 août 1985, cette vitrine permet à chacun de découvrir en détail l’univers de la marque. Mais la visite sera de très courte durée ce jour, puisque les locaux sont en cours de rénovation. Je n’aurais donc pas le loisir de découvrir le nouvel espace de détente, qui accueille désormais les visiteurs avec le Waigaya Tree, un arbre qui symbolise la diversité des individus par les plantes. C’est aussi l’expression de la philosophie partagée entre tous les collaborateurs de Honda et qui fait la réputation du constructeur, où chacun a le droit d’exposer ses idées, quelle que soit sa position hiérarchique.

Dans le but de flatter ma rétine avec quelques pépites automobiles que seuls les Japonais savent entretenir, j’allonge mon parcours jusqu’au quartier chic de Ginza. Étant à Tokyo ce que le Triangle d’Or est à Paris, la zone rassemble les plus grandes boutiques de luxe mondialement connues, quelques boutiques locales au nom sonnant vaguement le français (synonyme de raffinement ultime de ce côté du globe) et même, tenez-vous bien, une boutique Kit-Kat Chocolatory qui élève la barre chocolatée au plus haut rang des plaisirs gustatifs premium ! Dans ce milieu tiré à quatre épingles, très peu de voitures haut de gamme foulent les rues en cette fin de matinée, à l’exception d’une très rare Nissan Skyline 2000 GT-R de 1969 pouvant rendre hystérique n’importe quel inconditionnel du modèle. Ces mêmes piqués pourraient continuer le chemin jusque dans la baie de Tokyo, dans les locaux de Nismo Omori, branche compétition de l’autre marque japonaise, ou à Yokohama, dont la galerie prend des airs de musée. Plus au nord, ce sont les passionnés de la marque au H qui pourraient aussi étancher leur soif d’exotisme avec une visite du garage Spoon Speedshop Type One.

Tel un dauphin dans l’eau, j’alterne mon exploration entre trajets ferrés souterrains et remontées en surface pour une bouffée d’oxygène dans les parcs et lieux touristiques de la ville. Certains étant moins populaires que d’autres, tous ces pôles d’attraction ont de commun les quelques minutes de répits qu’ils peuvent offrir. C’est d’autant plus palpable dans le quartier d’Asakusa, un ancien quartier populaire vendu par les guides touristiques comme la parfaite représentation du mariage entre l’ancien et le moderne typique au Japon. À l’ombre de la tour Tokyo Skytree, l’impressionnante Kaminari-mon, la porte du tonnerre, s’ouvre sur la voie de Nakamise difficilement praticable en raison du nombre de curieux en quête de souvenirs ou de découvertes culinaires. Au bout, le temple Senso-ji impressionne et, malgré la foule, le calme des lieux interpelle. Une constante dans la capitale : les vagues humaines ou le flot incessant de véhicules ne semblent jamais troubler la quiétude ambiante. Une douce frénésie qui donne tout son sens au terme shizuka.

Même sentiment à Shinjuku, dont la gare ingurgite pourtant une moyenne de 3,5 millions de voyageurs par jour, la propulsant ainsi à la première place des gares les plus fréquentées au monde. Telle la partie invisible de l’iceberg, le terminal prend de ce fait la forme d’une ville dans la ville avec toutes les commodités nécessaires. Comme de coutume, le labyrinthe est d’une extrême simplicité, avec des plans faisant fi des points cardinaux et s’orientant dans le sens de lecture du panneau. « Évident » est alors le terme qui vient à l’esprit, encore une fois. À se perdre dans les rues du Kabukichô, le quartier des gourmands, et du Golden Gai, unique mais préférant les locaux aux touristes, je perds aussi la notion du temps. Le soleil se couche au Pays du Soleil levant et je me hâte donc vers le bâtiment du Tokyo Metropolitan Governement. D’une hauteur de 263 mètres, l’hôtel de ville de Tokyo offre deux observatoires à 360 degrés sur la ville à 202 mètres au-dessus du sol. D’un côté, la ville hypnotise par sa mise en lumière alors que de l’autre, le Fuji-San, dont la silhouette se dessine derrière le soleil tombant, offre un spectacle à couper le souffle.

Le début de soirée avancée à cette époque de l’année me permet de rejoindre le quartier de Shibuya, autre carte postale de Tokyo avec le célèbre Shibuya Crossing : régulé par les feux tricolores, le croisement bat comme le cœur de la ville, avec 2 500 piétons piétinant les passages zébrés entre chaque feu vert. Favori de la jeunesse tokyoïte pour ses boutiques branchées, le coin offre une multitude de street-food pour manger sur le pouce entre les ruelles. Au rythme des yakitori et autres takoyaki, j’arrive, surprise, devant une lignée de kartings excentriques. Ce n’était donc pas un rêve : la société Street Kart propose des virées dans les rues de Tokyo au ras du sol. D’une présentation sommaire mais avec le strict nécessaire pour embarquer légalement une plaque d’immatriculation, ces objets roulants permettent de visiter la ville autrement, à la force des bras (au sens propre) à et hauteur des pots d’échappement des autres voitures : depuis le siège, la moindre Honda S660 prend des allures de Vezel, le HR-V japonais. Traduction de mon permis de conduire français en poche (sésame obligatoire pour pouvoir conduire au Japon), je me transforme en personnage de jeu vidéo le temps d’une virée nocturne dans cette immensité. Les carapaces de tortues, peaux de banane ou même, dans un registre plus sérieux, tout écart de conduite en moins : la police veille au grain. Une expérience délirante qui ne peut être vécue nulle part ailleurs qu’au Japon !

Mais les autorités, elles, à cette heure tardive de la nuit, sont occupées à faire le vide sur l’aire de repos de Daikoku Futo. Connu d’une poignée de passionnés, ce parking accueille à longueur de temps (mais principalement le week-end) tout ce qui se fait de plus délirant dans la sphère automobile japonaise. Surtout en matière de personnalisation, avec des décorations dignes d’un hobby shop d’Akihabara, des appendices aérodynamiques proéminents, des échappements libérés et de toutes autres modifications impressionnantes. La légende urbaine raconte même que certains seraient tout à fait équipés pour descendre les colimaçons depuis la Bayshore Route en drift. Moins mythologique, certaines autos seraient aussi capables d’enquiller les dix kilomètres de ligne droite sur la Wangan Road pour toucher les plus de 300 km/h, ou enchaîner un record du tour du périphérique C1. Mais ce soir-là, ces missiles mécaniques sont rangés au chaud de l’autre côté de la baie pour leur fête annuelle : le Tokyo Auto Salon ouvre ses portes demain.

Troisième partie : le Tokyo Auto Salon

Troisième et dernière partie de ce périple au Japon. Le soleil se lève sur Tokyo. La journée sera belle, mais pas forcément chaude du strict point de vue d’un thermomètre. Toutefois, la température des esprits grimpera en flèche dès l’ouverture de l’une des plus grandes messes de la préparation automobile au Makuhari Messe. Ex-écrin du salon de Tokyo (à ne pas confondre avec celui du jour), le centre de convention de Chiba, en périphérie de Tokyo, est toujours suffisamment dimensionné pour le Tokyo Auto Salon. Car si le parc d’exposition était de trop pour le rendez-vous automobile bisannuel qui n’occupait que huit des onze halls proposés, le premier salon du tuning de l’année est, lui, à l’étroit, sinon pousse les murs.

Lancé en 1983 sous l’appellation particulièrement explicite de Tokyo Exciting Car Show, l’évènement tokyoïte permettait aux entreprises spécialisées et équipementiers d’afficher leurs nouveautés et dernières technologies embarquées destinées aux voitures japonaises. Lentement transformé en Tokyo Auto Salon au fil des années, il propose alors, durant trois jours, ce que le Japon sait faire de plus excentrique en matière d’automobiles, aux goûts extrêmement variés, avec toujours la même philosophie toute japonaise : chaque création est le fruit d’une recherche poussée jusque dans les moindres détails.

Cette frénésie permet d’aspirer chaque année plus de 300 000 visiteurs, avec une performance record de 336 060 passionnés cette année, soit 112 020 entrées par jour. En comparaison, le salon de Tokyo a avoué une moyenne de 108 408 visiteurs sur douze jours. La messe de la préparation est dite.

Ce jour, la gare centrale de Tokyo Station vibre encore plus que d’habitude. Si j’y perds encore un peu mes repères, il n’est cependant pas difficile de trouver le quai de la ligne JR Keiyo menant à la station Kaihimmakuhari qui déverse les 80 940 visiteurs de ce premier jour de salon, dont 85,5 % ont déjà apporté une modification à leur propre voiture. Accréditation en main et appareil photo prêt à dégainer, les portes s’ouvrent sur une vision qui doit être vécue au moins une fois dans sa vie. C’est le même sentiment, la même sensation qui remonte, que lorsque l’on sort de l’aéroport en arrivant au Japon. Tout est coloré, lumineux et prend une dimension diamétralement opposée à ce que l’on connaît ici en Europe. Oubliez les mornes présentations habituelles de véhicules formant un ensemble formaté par les législations et courants de pensée modernes. On ne parle pas ici d’un salon comme les autres, mais d’un théâtre où la personnalisation extrême, et surtout assumée, est reine. Tous les styles y trouvent leur place : les VIP, Bosozuku, Oni-Kyan, Kyusha, Vanning ou Dekotora sont légion.

Comme chaque année, les GT haut de gamme sont les têtes d’affiche du Tokyo Auto Salon. On peut y citer la Lexus LC500, vedette des Yakuza avec des modèles posés au sol sur des jantes chromées surdimensionnées, ou la Nissan GT-R, qui fait les choux gras d’anciens Bosozuku plus fortunés qu’à leurs débuts. Le coupé, apparu dans cette même enceinte il y a plus de dix ans maintenant, reste le fond de commerce de nombreuses boutiques, avec une constante dans le style : des ailes élargies rivetées à la caisse et des appendices à faire rougir une voiture du championnat Super GT Series où court la Honda NSX-GT GT500. La trajectoire est similaire chez Aimgain, qui a aussi été l’un des premiers à s’exercer sur la Honda NSX, porte-étendard de la marque. Les autres entités se sont donc tout naturellement engouffrées dans le sillage du préparateur d’Hiroshima. La supercar de la marque au H, compagnon de voyage idéal pour une virée au Festival of Speed de Goodwood, mais pas que, a cette particularité de conserver sa mécanique (presque) d’origine. Car si les autres ressortent des ateliers avec des niveaux de puissance dépassant allègrement la barre des 1 000 ch, la NSX ne revendique, mais dans de très rares cas, qu’une légère poignée d’équidés supplémentaires. Une preuve ultime du haut niveau technologique de ses quatre moteurs, que seuls les ingénieurs de la marque savent accorder.

Longtemps absents de ce rendez-vous annuel durant lequel les préparateurs modifient sans retenue leurs modèles, les constructeurs historiques ont désormais saisi le potentiel que représente la personnalisation au Japon. Ils y sont désormais présents avec des stands gigantesques dignes d’un grand salon international afin d’exposer l’ensemble des références de leurs catalogues de pièces détachées ou d’accessoires. C’est aussi le lieu privilégié pour évoquer la fibre sportive et la compétition (en somme, la passion automobile) sans être cloué au pilori par les masses, avec des modèles de série ou des concept-car anticipant le futur. Une habitude initiée par Honda dès 1989, qui a présenté ici même la toute première génération de NSX, ou en 1995 avec la révélation du Honda Sports Study Model Concept, qui a donné naissance à la Honda S2000 près de cinq ans plus tard.

L’iconique roadster profite d’ailleurs de cette édition pour souffler les bougies de ses vingt ans avec le 20th Anniversary Prototype, une étude de style explorant les possibles lignes d’une S2000 d’aujourd’hui. Concoctée par Modulo, la branche dédiée aux accessoires de la marque, la sportive partage son stand avec la Civic Cyber Night Japan Cruiser 2020. La philosophie est à peine différente toutefois : le concept préfigure ce à quoi pourrait ressembler la Civic Type R EK9 si elle avait été dévoilée dans un futur lointain. Une idée étonnante qui ne peut prendre vie qu’au Japon. Bien plus dans le présent, l’actuelle Honda Civic Type R profite du rendez-vous pour se présenter sous un nouveau jour avec une version retouchée. Posée sur son estrade, elle partage le stand officiel avec la nouvelle Honda NSX habillée du sublime Indy Yellow Pearl et à sa gauche, la Honda S660 restylée ou la craquante N-One Cafe Racer Concept. On y retrouve aussi toute la gamme Honda passée entre les mains de Modulo, depuis la Fit e:HEV (homologue japonais de la Jazz e:HEV) jusqu’au CR-V Black Edition Custom Concept. Mugen, la branche sportive indépendante créée par Hirotoshi Honda, le fils de Soichiro Honda, ne manque pas à la fête avec la présentation de quelques programmes de préparation haut de gamme, comme cette S660 affublée de fibre de carbone.

La journée de visite touche à sa fin, et une encyclopédie ne suffira pas à décrire en détail les 800 voitures présentées lors de cette édition. Sur la moquette feutrée qui me mène vers la sortie, je tombe alors nez à nez avec l’un des vingt-cinq exemplaires de la Mercedes CLK-GTR. Un tirage limité qui la range de fait dans la catégorie des œuvres d’art intouchables. Pourtant, je me surprends à lui imaginer un kit carrosserie plus suggestif. Serais-je contaminé ? Je m’interroge un peu plus sur mon état mental du moment, que j’aimerais associer une fois encore au décalage horaire toujours présent. Finalement, la réponse est là, tout autour de moi : le Tokyo Auto Salon est une grande fête de la voiture comme on n’en fait plus et qui convertit n’importe quel visiteur exposé à ces joyeuses réalisations. C’est l’essence même de ce salon, qui agit comme une soupape de décharge pour les passionnés, qui baignent alors dans un monde idyllique, où tout est possible et assumé. Le parallèle avec le Japon est alors évident : quand on en repart, tout semble plus morose et l’on ressent une furieuse envie d’y retourner !

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