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Étude : Les voitures électriques perdent jusqu’à 72 % de leur valeur en Cinq Ans

Tesla Model S occasion

Une étude récente d’iSeeCars, analysant plus de 800 000 transactions de véhicules d’occasion aux États-Unis entre mars 2024 et février 2025, jette une lumière crue sur le marché des voitures électriques (VE). En moyenne, ces véhicules perdent 58,8 % de leur valeur en cinq ans, contre 45,6 % pour l’ensemble du marché automobile.

Certains modèles phares, comme la Jaguar I-Pace et la Tesla Model S, enregistrent des décotes vertigineuses, dépassant les 70 %. Ce phénomène, qui secoue les propriétaires et les acheteurs potentiels, reflète les dynamiques d’un secteur en pleine mutation. Voici une analyse détaillée des causes, des modèles touchés et des perspectives pour ce marché en ébullition.

Les modèles les plus touchés : Jaguar I-Pace et Tesla Model S en tête

La Jaguar I-Pace, SUV électrique lancé en 2018, domine le classement des décotes avec une perte moyenne de 72,2 % sur cinq ans. Un modèle acheté 72 000 euros en 2020 se revend aujourd’hui autour de 20 000 euros. Ce déclin s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, l’évolution technologique : avec ses 90 kWh, l’I-Pace offrait 400 km d’autonomie à l’époque, mais les nouveaux concurrents, comme le Mercedes EQE SUV, affichent 20 % de portée supplémentaire pour un prix comparable. Ensuite, la stratégie de Jaguar pèse lourd. La marque prévoit une gamme 100 % électrique d’ici 2026, mais l’I-Pace, en fin de cycle, souffre de rumeurs de discontinuation. Résultat : les acheteurs d’occasion se détournent, craignant une obsolescence rapide.

La Tesla Model S, pionnière du segment premium, n’échappe pas à la tempête avec une décote de 65,2 %, soit environ 52 000 dollars (47 000 euros) perdus sur un prix initial de 95 000 euros en 2020. Les baisses de prix répétées sur les Tesla neuves – jusqu’à 20 % entre 2023 et 2024 – ont inondé le marché d’occasions à prix cassés. De plus, la concurrence interne, notamment des Model 3 et Y, cannibalise les ventes. Les propriétaires interrogés lors du dernier Mondial de l’Auto déplorent une perte de prestige : « Ma Model S Plaid est une fusée, mais les acheteurs préfèrent les neuves à prix réduit », confie un ancien propriétaire parisien.

Pourquoi une telle hémorragie ?

Plusieurs facteurs structurels expliquent cette décote accélérée des VE. Premièrement, l’innovation technologique galopante. Les batteries de 2025 offrent des autonomies de 500 à 600 km, contre 350-400 km pour les modèles de 2020, rendant ces derniers moins attractifs. Deuxièmement, la saturation du marché d’occasion. En France, les immatriculations de VE ont atteint 290 000 unités en 2024, en baisse de 2,6 %, mais l’offre d’occasion explose, tirant les prix vers le bas. « Les modèles de luxe décotent plus vite car les acheteurs d’occasion privilégient la praticité au prestige », explique Karl Brauer, analyste chez iSeeCars.

Troisièmement, des incertitudes persistent sur la durabilité des batteries, bien que les tests montrent une rétention de 85-90 % de capacité après 150 000 km. Enfin, le contexte économique joue un rôle : la réduction du bonus écologique à 4 000 euros en 2025, la concurrence chinoise (BYD, MG) sur les segments abordables, et une adoption plus lente que prévu (15 % des ventes en Europe, 8 % aux États-Unis) accentuent la pression sur les prix.

Les exceptions : des modèles qui résistent

Tous les VE ne subissent pas ce sort. La Tesla Model 3, avec une décote de 55,9 % sur cinq ans, s’en sort mieux que la moyenne des électriques et rivalise avec les thermiques premium. Son réseau de Superchargers, ses mises à jour logicielles et son positionnement accessible expliquent cette résilience. Un modèle 2020, acheté 45 000 euros, se revend environ 20 000 euros aujourd’hui. La Kia e-Niro (ou Niro EV) suit avec une perte de 59,2 %. Sa garantie batterie de sept ans et son autonomie de 450 km séduisent les acheteurs pragmatiques. Les occasions 2020 se négocient entre 15 000 et 18 000 euros, contre 35 000 euros neuf. Le Hyundai Kona Electric, à 58 %, complète ce trio de tête grâce à son positionnement citadin abordable.

Ces modèles partagent une approche utilitaire, loin du luxe ostentatoire, et bénéficient de marques qui soutiennent leur valeur via des programmes de reprise certifiés.

Opportunités et perspectives : L’occasion, eldorado des acheteurs ?

Cette décote massive ouvre des opportunités pour les acheteurs d’occasion. Une Jaguar I-Pace à 20 000 euros offre 400 ch et un confort premium pour le prix d’une compacte thermique. Une Tesla Model S d’occasion, avec ses performances époustouflantes, devient accessible à moins de 35 000 euros. Toutefois, les experts recommandent de vérifier l’état de la batterie via un diagnostic certifié et de privilégier les véhicules sous garantie prolongée.

À moyen terme, le marché devrait se stabiliser. Les batteries LFP, plus durables, et l’expansion des infrastructures de recharge (100 000 bornes en Europe fin 2025) renforceront la confiance. Selon l’IEA, les VE pourraient conserver 50 % de leur valeur après trois ans d’ici 2030, à mesure que le marché mûrit et que la demande d’occasion croît de 25 % par an.

Naviguer dans un marché en transition

Le marché des voitures électriques, encore jeune, traverse une phase de turbulences. Les pionniers comme la Jaguar I-Pace ou la Tesla Model S paient le prix de l’innovation rapide et d’un marché saturé. Pourtant, des modèles comme la Tesla Model 3 ou la Kia e-Niro prouvent qu’une approche pragmatique peut limiter les pertes. Pour les acheteurs, le calcul du coût total (achat, usage, revente) reste crucial. L’électrique, rentable à l’usage (2 centimes/km contre 10 pour l’essence), exige une stratégie avisée à l’achat.

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