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mardi, juillet 22, 2025
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    CO2 : Les constructeurs européens au bord du gouffre en 2025

    L’étau se resserre. Pour les géants de l’automobile en Europe, l’année 2025 marque un tournant. Le seuil de 81 g/km de CO2, fixé par la Commission européenne, n’est plus une cible lointaine. Il devient réalité. Et l’impact potentiel, colossal.

    Un seuil bas, une pression haute

    Réduire la moyenne des émissions à 81 grammes par kilomètre, c’est ambitieux. C’est aussi implacable. Pour s’y conformer, chaque constructeur doit électrifier sa flotte. Rapidement. Massivement. Et efficacement. Ceux qui échouent paieront. Lourdement. L’amende est simple à calculer : 95 euros par gramme de dépassement… par véhicule vendu.

    Un gramme au-dessus ? Un million de véhicules ? Résultat : 95 millions d’euros. Et ce, pour une seule année. Certains experts redoutent des pénalités atteignant plusieurs milliards.

    Des stratégies divergentes

    Renault avance vite. Sa R5 E-Tech électrique, proposée en leasing social, a su séduire un public en quête de mobilité propre et abordable. Son succès, même s’il reste à confirmer sur la durée, illustre l’effet levier des incitations ciblées.

    Chez Stellantis, le tableau est plus nuancé. Bien que des efforts aient été faits — notamment avec les modèles électriques des marques Peugeot, Opel ou Fiat — le groupe peine à lisser ses émissions sur tous les segments. Certains SUV thermiques lourds pèsent sur la moyenne.

    Les constructeurs allemands, eux, jouent une partition différente. Audi, BMW et Mercedes continuent de proposer des modèles thermiques puissants, tout en développant leurs gammes électriques. Leur équilibre est fragile.

    La sanction façonne le marché

    Face à la menace, les constructeurs s’organisent. Trois axes principaux émergent.

    D’abord, multiplier les lancements électriques. En 2025, les salons regorgent de citadines branchées, de SUV compacts à batterie, et même de breaks électriques. Chaque véhicule zéro émission compte. Chaque vente peut faire baisser la moyenne.

    Ensuite, vendre ces modèles. À tout prix. Promotions agressives, offres de location longue durée, leasing social relancé : tout est bon pour faire grimper les immatriculations. Les constructeurs n’ont plus le luxe d’attendre que le marché se retourne.

    Enfin, réduire l’offre thermique. Discrètement, certaines marques limitent la production de modèles trop polluants. Plus de versions V6. Moins de SUV surmotorisés. Objectif : ne pas tirer la moyenne vers le haut.

    Le consommateur, grand bénéficiaire ?

    Paradoxalement, cette course contre la montre pourrait profiter aux acheteurs. Les véhicules électriques deviennent plus accessibles. Les rabais se multiplient. Et les technologies embarquées montent en gamme.

    Mais l’offre thermique, elle, se restreint. Certains modèles prisés pourraient disparaître. Ou devenir plus chers. Car moins produits. Moins vendus.

    Innovation sous contrainte

    La transition est brutale. Mais elle pousse l’industrie à innover. Les mises à jour OTA (over-the-air), la conduite assistée de niveau 2+, l’intégration d’Android Automotive : tous ces outils sont désormais standard sur les modèles récents.

    La réglementation ne laisse pas le choix. Elle impose une mutation rapide, profonde, parfois douloureuse. Mais elle réveille une industrie longtemps frileuse.

    Verdict attendu en 2026

    Tout se jouera dans les chiffres du dernier trimestre 2025. Si les marques atteignent les objectifs, elles éviteront le couperet. Sinon, les amendes tomberont. Et elles feront mal.

    La véritable inconnue ? La réaction des marchés. Car une sanction lourde peut peser sur les résultats. Freiner les investissements. Et fragiliser des groupes déjà sous tension.

    Les consommateurs, eux, devront s’adapter. Entre offres électriques attractives et disparition progressive des thermiques, le paysage automobile européen ne sera plus jamais le même.

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    Faris Bouchaala
    Faris Bouchaala
    Journaliste Automobile - Rédacteur en Chef Adjoint
    Grand passionné d’automobile depuis mon enfance, mon objectif au quotidien était de trouver le moyen d'arracher le volant à mon père. Très peu de gens ont la possibilité de transformer leur passion en une carrière, et il se trouve que je suis l'un de ces quelques privilégiés. J’ai rejoint la presse spécialisée en 2010, après un parcours totalement loin du domaine, car au final c’est la passion qui l’emporte.

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