Dans le tumultueux monde de l’automobile, où l’électrification semble dicter sa loi, Renault vient de jouer un coup inattendu. La division Horse, fruit d’une alliance avec le géant chinois Geely, vient de trouver son premier client. Et surprise, ce n’est pas sur le Vieux Continent, mais au cœur de l’Amérique latine que ce moteur thermique nouvelle génération va faire ses premiers tours de piste.
Le constructeur brésilien Lecar, un nouveau venu sur la scène automobile, a choisi le bloc HR10 de Horse pour équiper son modèle 459 Hybrid. Une décision qui en dit long sur les stratégies divergentes que Renault déploie entre l’Europe et les marchés émergents.
Alors qu’Ampere, la branche électrique du groupe, peine encore à trouver ses marques après l’abandon de son entrée en bourse, Horse semble avoir le vent en poupe. Cette coentreprise, née de l’union entre Renault et Geely, s’affirme comme un acteur clé dans la stratégie du constructeur français pour les marchés où l’électrification n’est pas encore à l’ordre du jour.
Le choix de Lecar n’est pas anodin. La 459 Hybrid n’est pas un véhicule thermique classique, mais une hybride à prolongateur d’autonomie. Un concept qui rappelle la défunte BMW i3 REX, où un petit moteur essence sert de générateur pour alimenter la batterie. C’est là qu’intervient le HR10, un trois cylindres 1.0 turbocompressé de 115 chevaux, capable de fonctionner aussi bien à l’essence qu’à l’éthanol. Une flexibilité cruciale sur un marché brésilien où le biocarburant joue un rôle prépondérant.
Cette première commande de 12 000 unités pourrait n’être que le début d’une belle aventure pour Horse. Dans un monde où plus de 90% des ventes et de la production de véhicules électriques se concentrent aux États-Unis, en Chine et en Europe, les marchés émergents restent un terrain fertile pour les motorisations thermiques évoluées.
La stratégie de Renault soulève néanmoins des questions. Pourquoi Ampere n’a-t-elle pas été sollicitée pour fournir la partie électrique de ce véhicule hybride ? Il semblerait que ce soit avant tout l’expertise de Renault en matière de moteurs à combustion qui suscite l’intérêt à l’international. Une réalité qui contraste avec le discours tout-électrique tenu en Europe.
Cette dichotomie entre les stratégies européenne et internationale de Renault illustre les défis auxquels font face les constructeurs automobiles. D’un côté, la pression réglementaire et sociétale pousse à l’électrification rapide dans les marchés matures. De l’autre, les réalités économiques et infrastructurelles des pays émergents exigent des solutions plus pragmatiques.
Le pari de Horse est audacieux. En capitalisant sur l’héritage technologique de Renault et Nissan, notamment avec la famille de moteurs « HR », la coentreprise se positionne comme un fournisseur de choix pour les constructeurs des marchés émergents. Une stratégie qui pourrait s’avérer payante à long terme, alors que la transition vers l’électrique s’annonce plus lente et complexe dans ces régions.
L’aventure brésilienne de Horse n’est probablement que le début d’une expansion internationale. Reste à voir comment Renault parviendra à concilier cette double identité : chantre de l’électrification en Europe et fournisseur de technologies thermiques avancées pour le reste du monde.
Dans ce grand échiquier de la transition énergétique, Renault semble avoir choisi de ne négliger aucune option. Une approche qui, si elle peut paraître paradoxale, témoigne d’une vision lucide des réalités contrastées du marché automobile mondial. L’avenir nous dira si ce pari sur deux tableaux s’avérera gagnant.
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