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jeudi, septembre 25, 2025
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    Stellantis Algérie : l’usine Fiat de Tafraoui franchit le cap des 50 000 véhicules

    À Tafraoui, près d’Oran, l’usine Fiat vient de franchir une étape majeure : 50 000 véhicules sortis des lignes depuis son inauguration en décembre 2023. Ce seuil, atteint en moins de deux ans, illustre la montée en puissance rapide du site et confirme l’ambition de Stellantis de bâtir un pôle automobile fort en Algérie. En 2024, 17 000 unités ont été assemblées. Le constructeur vise 60 000 véhicules en 2025, puis 90 000 en 2026.

    Le passage du montage SKD au CKD changera la donne. L’usine ajoutera la peinture et le ferrage, renforçant son intégration locale. Déjà, le taux atteint 10 % grâce à des partenariats avec SAREL, pour les composants plastiques, et Ferruz, pour les roues. L’objectif reste fixé à 30 % minimum. Derrière ces chiffres, un enjeu économique : réduire la dépendance aux importations, encore lourde pour le pays, et diversifier une économie dominée par les hydrocarbures. Mais la route n’est pas sans obstacles. Le marché de l’occasion, marqué par une forte spéculation, ralentit les ventes neuves. Et la concurrence venue de Chine, notamment sur l’électrique à bas prix, représente une menace sérieuse.

    Des compétences locales mises en avant

    Stellantis ne mise pas seulement sur les volumes. Le projet s’appuie sur les femmes et les hommes de Tafraoui. L’usine emploie aujourd’hui 1 784 personnes. Leur formation représente 432 000 heures, dispensées avec l’INSFP de Belgaid et six centres régionaux. Robotique, gestion de production, stages pratiques : les programmes couvrent des disciplines clés. Les universités locales participent aussi, via des cursus en alternance avec l’Université de Technologie d’Oran et l’École Nationale Polytechnique.

    Les jeunes sont au centre de cette stratégie. Dans un pays où près d’un tiers de la population a moins de 25 ans, la qualification devient un enjeu vital. Stellantis a créé 500 emplois directs en 2023, puis 1 200 en 2024. L’objectif est clair : 2 000 postes en 2026. Derrière ces chiffres, une vision s’impose. Former une main-d’œuvre durable, capable de soutenir l’industrie automobile, mais aussi d’exporter son savoir-faire vers d’autres marchés africains.

    Tafraoui, futur hub régional

    Le site prend une dimension stratégique. Stellantis détient déjà 60 % du marché algérien des véhicules neufs grâce à Fiat et Opel, distribuées via 50 concessions couvrant 76 % du territoire. Avec l’ouverture en juillet 2025 d’un Body Shop et d’un Paint Shop, la gamme s’élargira. Le Doblò version familiale est attendu, tout comme un modèle encore gardé secret, probablement une Tipo restylée. À partir de 2026, Opel et Alfa Romeo intégreront la production, élargissant l’offre de l’entrée de gamme Fiat 500 jusqu’au segment premium.

    Ce positionnement contraste avec Renault, dont l’usine d’Oued Tlelat est à l’arrêt depuis 2023. Stellantis, lui, tire profit de Fiat pour contourner les tensions diplomatiques entre Alger et Paris. Et prépare déjà l’export vers l’Afrique subsaharienne. La Panda Grande, produite avec 20 % d’intégration locale en 2025 puis 30 % en 2026, a été pensée pour les routes africaines. Elle incarne cette stratégie régionale.

    Entre ambition et incertitudes

    Tafraoui dépasse le simple rôle d’usine. Elle illustre une ambition : faire de l’Algérie un acteur automobile crédible et réduire sa dépendance aux importations. Le site s’inscrit dans le plan Dare Forward 2030, qui vise un million de ventes annuelles au Moyen-Orient et en Afrique. Mais les défis persistent. L’absence d’une filière électrique solide limite l’adaptation aux normes mondiales. Les fluctuations du dinar et la volatilité économique créent aussi des incertitudes pour les investisseurs.

    Pourtant, le symbole reste fort. Avec 50 000 véhicules produits en moins de deux ans, l’usine Fiat de Tafraoui démontre qu’une industrie locale est possible. Si les objectifs de 90 000 unités en 2026 sont atteints, ce site pourrait transformer l’économie régionale et redéfinir la place de l’Algérie dans l’automobile africaine. L’enjeu, désormais, sera de maintenir la cadence, dans un contexte où la compétition s’intensifie.

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    Faris Bouchaala
    Faris Bouchaala
    Journaliste Automobile - Rédacteur en Chef Adjoint
    Grand passionné d’automobile depuis mon enfance, mon objectif au quotidien était de trouver le moyen d'arracher le volant à mon père. Très peu de gens ont la possibilité de transformer leur passion en une carrière, et il se trouve que je suis l'un de ces quelques privilégiés. J’ai rejoint la presse spécialisée en 2010, après un parcours totalement loin du domaine, car au final c’est la passion qui l’emporte.

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