Alfa Romeo enregistre des ventes record durant le mois d’avril 2025, avec 3 273 immatriculations, une croissance explosive de 43 % par rapport à avril 2024 et une part de marché grimpant à 2,4 %. Portée par l’Alfa Romeo Junior et le fidèle Tonale, la firme milanaise prouve qu’elle n’a rien perdu de sa fougue. Mais derrière ces chiffres, quelles sont les clés de ce retour en force ? Et surtout, ce sursaut annonce-t-il un renouveau durable pour le Biscione ?
Alfa Romeo Junior, fer de lance
L’Alfa Romeo Junior est la vedette incontestée de ce mois d’avril. Avec 1 775 immatriculations, elle capte plus de la moitié des ventes de la marque et s’impose comme le modèle phare du Biscione. Ce B-SUV premium, disponible en hybride ou électrique, incarne un équilibre rare : des lignes qui évoquent les légendaires GTV, une sportivité dans l’âme, et une modernité taillée pour les défis d’aujourd’hui. L’arrivée de la version Ibrida Q4, avec sa transmission intégrale, élargit son audience, des conducteurs urbains aux amateurs de routes sinueuses. Selon Auto.it, la Junior domine les ventes d’Alfa Romeo en Italie (51 %), en France (68 %) et en Espagne (64 %), signe d’un succès qui dépasse les frontières.
À partir de 29 500 €, la Junior se frotte sans trembler à l’Audi Q2 ou au Volvo EX30. Sa gamme, la plus étoffée du segment B-SUV premium, répond aux attentes d’une clientèle éclectique, tout en conservant ce supplément d’âme qui fait la différence. Pourtant, des murmures se font entendre. Sur des forums comme AlfaPassion, certains “Alfisti” regrettent l’utilisation de plateformes partagées avec d’autres marques Stellantis, y voyant une entorse à la pureté de l’ADN Alfa Romeo. Mais dans un marché où l’innovation prime, la Junior montre que la marque peut allier héritage et pragmatisme pour séduire une nouvelle génération.
Tonale : le roc face à la tempête
Le Tonale, pilier de la gamme, n’est pas en reste. Avec 1 147 immatriculations en avril 2025, il confirme sa place centrale. Ce C-SUV, qui a ouvert la voie à l’électrification chez Alfa Romeo en 2022, célèbre un jalon majeur : plus de 100 000 unités produites à l’usine de Pomigliano d’Arco, symbole du savoir-faire italien. Ambassadeur du style et de la technologie du Biscione, le Tonale a marqué les esprits, dominant son segment en Italie en 2023, selon ClubAlfa.
Mais des vents contraires se lèvent. Les ventes européennes du Tonale ont reculé à 5 000 unités au premier trimestre 2025, contre 82 000 sur l’ensemble de 2024, rapporte Automotive News Europe. La fiscalité, qui pénalise les hybrides rechargeables, et l’ascension de la Junior, qui grignote ses parts, expliquent ce fléchissement. Alfa Romeo réagit : une mise à jour du Tonale, avec un design affiné et des technologies optimisées, est prévue pour fin 2025. Aux États-Unis, où le modèle peine à percer, une version thermique 2.0 L de 268 ch, plus accessible, arrivera cet été. Ces ajustements visent à redonner de l’élan à un modèle clé, mais la concurrence s’intensifie.
Une stratégie qui remet Alfa Romeo sur les rails
De janvier à avril 2025, Alfa Romeo cumule 11 794 immatriculations, soit 33 % de plus qu’en 2024, avec une part de marché italienne à 2,0 %, en hausse de 0,5 point. Ce dynamisme n’est pas un hasard. Sous la houlette de Jean-Philippe Imparato, PDG d’Alfa Romeo, la marque a resserré sa gamme, peaufiné la qualité et misé sur le “made in Italy”. L’usine de Pomigliano, où naissent Junior et Tonale, illustre cette excellence. Les initiatives de Stellantis, comme “Diamo valore al made in Italy”, avec des incitations pour les acheteurs locaux, ont dopé les ventes.
Pourtant, des obstacles demeurent. En 2024, Alfa Romeo a manqué son objectif de 80 000 à 90 000 ventes mondiales, accusant un recul de 20 % sur ses marchés clés, selon Carscoops. Aux États-Unis, les ventes ont chuté à 8 865 unités (-19 %), plombées par un réseau de concessionnaires réduit (110 points contre 135 en 2023). Pour rebondir, la marque compte sur le nouveau Stelvio, attendu fin 2025, et une Giulia remaniée en 2026. Ces lancements seront cruciaux pour conquérir des marchés comme les États-Unis ou la Chine.
L’Italie automobile à la croisée des chemins
Le succès d’avril 2025 s’inscrit dans un contexte délicat. Les relations tendues entre Stellantis et le gouvernement italien, notamment sur la production locale, alimentent les débats, note ANFIA. En Italie, où Alfa Romeo réalise 50 % de ses ventes européennes, le marché automobile a fléchi en 2024. L’objectif d’une gamme 100 % électrique d’ici 2027 suscite des passions. Sur Passione Auto Italiane, un commentaire capture l’ambivalence : « Une Alfa sans moteur thermique, c’est comme un risotto sans parmesan. » Mais dans un secteur en pleine mutation, l’électrification est un passage obligé.