La Commission européenne veut renforcer la durabilité des batteries pour les véhicules légers (vélos électriques, trottinettes, scooters) en imposant leur réparabilité. L’article 11, publié en août 2023, exige que chaque cellule puisse être remplacée par un professionnel indépendant. De plus, les batteries devront être facilement amovibles et bénéficier d’une garantie portée à cinq ans, contre deux actuellement.
Cette mesure s’inscrit dans une démarche d’économie circulaire et de réduction des déchets, en évitant que des batteries encore fonctionnelles soient jetées. En théorie, l’objectif semble louable. Mais dans la pratique, cette réglementation soulève des problèmes de sécurité et de faisabilité technique.
Des risques élevés pour la réparation
Contrairement aux moteurs, les batteries au lithium présentent un danger réel lorsqu’elles sont manipulées. Une cellule défectueuse ne peut pas être simplement remplacée sans risque d’incendie ou de dysfonctionnement. La soudure des cellules et l’étanchéité des batteries imposent des contraintes techniques complexes. Réparer une batterie dans un simple atelier de vélo pourrait s’avérer dangereux, notamment en raison du risque de surchauffe.
Fait étonnant, cette approche va à l’encontre des règles en vigueur pour les voitures électriques. Dans l’automobile, il est interdit de remplacer une seule cellule : seuls des modules entiers peuvent être changés pour éviter les déséquilibres qui affecteraient les performances et la sécurité. Cette incohérence réglementaire interroge sur la pertinence d’imposer cette règle aux batteries de vélos et scooters.
Un défi industriel majeur
L’obligation de rendre les batteries réparables entre en vigueur le 18 février 2027, laissant peu de temps aux fabricants pour revoir leurs conceptions. Or, les batteries ne sont pas uniformes : différences de chimie, d’électrolytes et de fournisseurs compliquent le remplacement cellulaire. Cette contrainte technique pourrait entraîner des coûts supplémentaires et ralentir l’innovation.
Néanmoins, l’article prévoit aussi des avancées positives, comme l’intégration de QR codes pour le suivi des batteries et la lutte contre l’obsolescence programmée. La compatibilité entre différents fabricants pourrait également être renforcée, évitant les problèmes liés aux batteries propriétaires.
Une alternative déjà explorée par Honda
Certains constructeurs, comme Honda, ont déjà mis en place des solutions similaires. Le scooter électrique Honda EM1, lancé il y a deux ans, fonctionne avec une batterie amovible standardisée, compatible avec plusieurs marques. Cependant, cette approche ne résout pas la question de la réparabilité des cellules, qui reste un point de friction.
Si la Commission européenne veut réellement rendre l’électrique plus écologique, ne faudrait-il pas privilégier des solutions plus adaptées et sécurisées, plutôt que d’imposer des normes difficiles à appliquer ?