Carlos Tavares quitte brutalement la direction de Stellantis - démission ou éviction, les coulisses d’un séisme chez le géant automobile
Carlos Tavares quitte brutalement la direction de Stellantis - démission ou éviction, les coulisses d’un séisme chez le géant automobile

Le géant automobile Stellantis a annoncé dimanche soir la démission « avec effet immédiat » de son directeur général Carlos Tavares, une nouvelle qui ébranle le secteur automobile mondial. Cette sortie précipitée du dirigeant portugais de 66 ans, architecte de la fusion réussie entre PSA et Fiat-Chrysler, marque la fin d’une ère pour le quatrième constructeur automobile mondial.

Le communiqué laconique publié par le groupe à 20h40 masque mal les tensions qui ont conduit à cette rupture. Si officiellement, le conseil d’administration évoque pudiquement des « points de vue différents », les coulisses révèlent des désaccords profonds sur la stratégie du groupe, notamment concernant la transition électrique. Tavares, partisan d’une approche méthodique privilégiant la rentabilité, se serait heurté à une vision plus agressive de l’électrification portée par certains administrateurs.

Cette démission survient dans un contexte délicat pour Stellantis. Le groupe a enregistré une baisse significative de 18% de ses ventes en Amérique du Nord au premier semestre 2024, son marché le plus rentable. La marge opérationnelle consolidée a reculé à 7,8%, un niveau préoccupant pour un groupe devant investir massivement dans l’électrification.

John Elkann, héritier de la famille Agnelli et président du conseil d’administration, assurera l’intérim à la tête d’un comité exécutif remanié. Le processus de succession est déjà en marche, avec deux candidats internes pressentis : Maxime Picat, l’actuel directeur des achats, et Antonio Filosa, patron de Jeep récemment nommé directeur des activités nord-américaines.

Les défis qui attendent le futur directeur général sont colossaux. Stellantis doit accélérer sa transition électrique, avec un objectif de 70% de ventes électriques en Europe d’ici 2030, tout en gérant les retards dans le déploiement de ses plateformes STLA. Le groupe doit également redresser ses performances en Amérique du Nord, qui représente 40% de ses bénéfices, face à une concurrence accrue des constructeurs chinois et de Tesla.

Cette transition intervient alors que le secteur automobile traverse une période de mutation profonde. Le successeur de Tavares devra non seulement maintenir la rentabilité du groupe, mais aussi accélérer sa transformation technologique tout en gérant les défis liés aux chaînes d’approvisionnement et aux coûts des matières premières critiques.

Ironie du sort, Carlos Tavares, qui avait prévu de terminer son mandat en janvier 2026, se voit contraint de quitter ses fonctions plus tôt que prévu. Son départ marque la fin d’une époque pour Stellantis, groupe qu’il avait contribué à façonner en fusionnant PSA et Fiat-Chrysler en 2021.