Kia n’a pas seulement coché une case. La marque coréenne a fait voler en éclats un plafond que beaucoup jugeaient symbolique : l’autonomie réelle des utilitaires électriques en conditions professionnelles. Fin septembre, en Allemagne, un Kia PV5 Cargo a couvert 693,38 kilomètres avec sa charge utile maximale… sans une seule pause recharge. Résultat : une entrée directe, certifiée, dans le Guinness World Records.
L’événement n’est pas anecdotique. Le segment des utilitaires électriques vit un moment charnière. Les villes les adoptent, les flottes s’électrifient, mais une question revient sans cesse : faut-il recharger plusieurs fois par jour ? Kia vient d’apporter un élément de réponse brutalement concret.
Un utilitaire neuf, un test brut, aucune mise en scène
Le véhicule utilisé n’était pas un prototype maquillé, allégé ou suroptimisé. Il s’agissait d’un PV5 Cargo Grande Autonomie, configuration deux portes coulissantes latérales, équipé de la batterie 71,2 kWh, la plus généreuse du catalogue. À bord : 665 kg de charge utile, soit le maximum autorisé dans cette configuration.
Le trajet ? Pas de piste d’aéroport, pas d’anneau à vitesse constante. Le parcours reflétait la vraie vie. Une boucle routière mixant zones urbaines et sections extra-urbaines, dans la banlieue nord de Francfort. Feux rouges, giratoires, intersections, relances permanentes — le quotidien d’un fourgon de livraison ou d’un artisan. Ajoutez à cela un dénivelé positif de 370 mètres par boucle, répété douze fois, et vous obtenez une simulation presque trop fidèle à la réalité.
Au terme de 22 heures et 30 minutes de route, le PV5 a rendu son verdict : 693,38 km avant extinction complète.
Deux pilotes, deux profils, une même obsession : l’efficience
Pour l’occasion, Kia a confié le volant à un duo aux compétences complémentaires.
D’un côté, George Barrow, journaliste britannique spécialisé dans les utilitaires, membre du jury du prestigieux prix International Van of the Year (IVOTY) et habitué à évaluer des fourgons dans leurs derniers retranchements.
De l’autre, Christopher Nigemeier, ingénieur au centre technique de Hyundai Motor Europe. Un homme qui connaît le PV5 non pas comme un testeur, mais comme quelqu’un qui a contribué à le concevoir.
À eux deux, ils ont transformé la tentative en défi permanent. « Nous nous sommes pris au jeu, raconte Nigemeier. Qui de nous deux saurait tirer le meilleur parti d’un kilowattheure ? ». Barrow lui, évoque une expérience paradoxalement calme : « Ce n’était pas une course, mais un exercice de discipline. Et franchement, je ne pensais pas qu’un utilitaire chargé à bloc pourrait aller aussi loin. »
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Un protocole proche de l’audit scientifique
Parce qu’un record mondial ne tolère ni approximations ni récits enjolivés, chaque étape a été contrôlée. Le chargement, le poids final (2 652 kg), la pression des pneus, le scellage de la trappe de recharge… tout a été certifié par TÜV Hessen. La trajectoire a été suivie en continu par balise GPS, doublée d’un enregistrement vidéo embarqué.
Aucun changement de batterie. Aucune recharge intermédiaire. Une seule règle : rouler jusqu’au dernier électron.
Pourquoi ce record change la donne
Ce résultat n’est pas une performance d’ingénieur isolé. C’est un indicateur stratégique pour les milliers d’entreprises qui s’interrogent sur la bascule vers l’électrique.
- Un utilitaire capable de parcourir près de 700 km réel signifie qu’une grande majorité des professionnels pourront tenir deux journées de travail sans recharger.
- Les limitations psychologiques liées à « l’angoisse de l’autonomie » perdent en crédibilité dans le segment utilitaire.
- Ce record repositionne Kia comme un acteur crédible — et agressif — dans le monde des flottes professionnelles, un terrain jusque-là dominé par les marques européennes.
Marc Hedrich, PDG de Kia Europe, ne cherche d’ailleurs pas à masquer l’ambition : « Nous ne venons pas compléter l’offre. Nous venons la challenger. »
L’architecture qui change tout
Le PV5 est le premier membre de la nouvelle famille PBV (Platform Beyond Vehicle), construit sur l’architecture modulaire E-GMP.S, qui permet une fabrication en « blocs » : fourgon, navette, châssis-cabine, usages loisirs ou professionnels, versions hautes ou basses, tout est interchangeable.
Capacité de chargement : 4,4 m³ en version L2H1 (et plus sur la future L2H2).
Charge utile max : jusqu’à 790 kg selon les configurations.
Batteries proposées : 51,5 kWh ou 71,2 kWh.
La suite s’annonce physique
L’exemplaire du record ne finira pas ses jours dans un musée. Il sera exposé au Salon Solutrans de Lyon, à partir du 18 novembre 2025, stand C130, Hall 5. Un symbole roulant. Un argument commercial aussi.
Car au-delà de la médaille Guinness, ce record raconte autre chose : l’utilitaire électrique n’est plus l’avenir. Il est déjà en route. Et parfois, il va très, très loin.
