Luca de Meo, figure emblématique du secteur automobile et qui viens de quitter le Groupe Renault, s’apprête à relever un défi inattendu en devenant le nouveau directeur général de Kering, le géant français du luxe. Annoncée ce lundi par le conseil d’administration présidé par François-Henri Pinault, cette nomination marque un tournant stratégique pour Kering, qui sépare les rôles de président et de directeur général pour la première fois. Luca de Meo prendra officiellement ses fonctions le 15 septembre 2025, sous réserve de l’approbation des actionnaires lors de l’assemblée générale du 9 septembre. Ce changement de cap, d’un secteur industriel à l’univers du luxe, suscite déjà un vif intérêt sur les marchés et dans l’industrie.
Âgé de 58 ans, Luca de Meo apporte à Kering une expérience de plus de 30 ans dans l’automobile, marquée par des redressements spectaculaires. Diplômé de l’Université Bocconi de Milan, il a débuté chez Renault en 1992 avant de faire ses armes chez Toyota Europe, Fiat (où il a relancé la Fiat 500), Volkswagen, et Seat, qu’il a repositionnée avec succès. Depuis 2020, il dirigeait Renault, orchestrant une « Renaulution » qui a permis au constructeur de renouer avec la rentabilité après des années de crise, notamment grâce à des réductions de coûts et un recentrage sur les véhicules électriques et hybrides. Il a également présidé l’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA) et dirigé Ampere, la branche électrique de Renault.
François-Henri Pinault, président de Kering, a salué un leader visionnaire : « Après 20 ans à transformer Kering en un acteur mondial du luxe, le groupe est prêt pour une nouvelle étape. La compréhension aiguë des marques de Luca de Meo, son expérience à la tête d’un groupe coté et sa culture d’entreprise respectueuse m’ont convaincu qu’il est le dirigeant idéal pour écrire ce nouveau chapitre. » Pinault, qui conservera son rôle de président, accompagnera de Meo dans cette transition, marquant une gouvernance modernisée alignée sur les meilleures pratiques des grandes entreprises cotées.
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Le passage de l’automobile au luxe est un pari audacieux pour de Meo, qui n’a pas d’expérience directe dans la mode. Cependant, son talent pour le repositionnement de marques, son aisance dans les environnements internationaux et sa passion pour le luxe – notamment les montres suisses – sont des atouts soulignés par les experts. Bruno-Roland Bernard, professeur à l’Institut Français de la Mode, déclare : « De Meo maîtrise le monde des affaires français tout en apportant une dimension italienne, essentielle pour des marques comme Gucci et Bottega Veneta. »
Pour Renault, le départ de de Meo, effectif le 15 juillet, est un coup dur. Son plan « Futurama », présenté le 12 juin, devait guider le constructeur pour les cinq prochaines années, avec de nouveaux modèles et une diversification vers la défense. Jean-Dominique Senard, président de Renault, a assuré que la stratégie reste intacte, mais les analystes, comme ceux de JP Morgan, y voient un revers. De Meo a tenu à rassurer dans une note aux employés : « C’est une décision personnelle, pas une fuite. Renault est bien positionné pour l’avenir. »