Une usine à l’arrêt face à la baisse des commandes
L’usine Stellantis de Cassino, située à Piedimonte San Germano en Italie, traverse une crise sans précédent. Selon plusieurs médias italiens, la direction de l’usine aurait annoncé une prolongation de l’arrêt de la production jusqu’au 10 mars, et ce face à une chute vertigineuse des commandes. Depuis le début de l’année, les lignes d’assemblage n’ont fonctionné que 13 jours sur 68, un signal alarmant pour l’avenir du site et de ses employés.
Initialement, la production devait reprendre le 24 février, mais face à l’absence de commandes, Stellantis a décidé d’étendre la fermeture de deux semaines supplémentaires. Une situation qui préoccupe non seulement les salariés, mais aussi les syndicats, qui dénoncent une gestion incertaine du site industriel.
La transition électrique en question
L’usine de Cassino devait jouer un rôle clé dans la stratégie d’électrification de Stellantis, notamment avec la production de véhicules basés sur la plateforme BEV STLA Large. Cependant, le manque d’intérêt des consommateurs pour les voitures électriques compromet sérieusement les plans du constructeur.
Malgré les ambitions affichées, la réalité du marché est toute autre : les modèles électriques peinent à séduire, et les véhicules produits restent stockés sur les parkings de l’usine au lieu d’être livrés aux concessionnaires. La version électrique du Maserati Grecale en est l’exemple parfait : seulement 50 unités ont été assemblées en 13 jours.
Une production en chute libre
Les chiffres de production de l’usine de Cassino illustrent parfaitement l’ampleur de la crise. En 2024, le site a connu 60 jours d’arrêt, enregistrant une baisse de 45 % de sa production par rapport à 2023. Seuls 26 850 véhicules ont été assemblés l’an dernier, un niveau historiquement bas. À titre de comparaison, en 2017, l’usine produisait cinq fois plus de voitures et employait environ 5 000 personnes, soit le double des effectifs actuels.
Les modèles concernés par cette baisse de production sont principalement les Alfa Romeo Giulia et Stelvio, ainsi que le SUV Maserati Grecale. La demande pour ces véhicules s’est effondrée, entraînant une accumulation massive de stocks.
Un avenir incertain pour l’usine et ses employés
Face à cette situation, les syndicats et les employés réclament un changement de cap. Ils suggèrent notamment de réorienter la production vers des modèles plus accessibles, comme des véhicules utilitaires, afin de toucher un public plus large.
La direction de Stellantis, de son côté, reste floue quant à l’avenir du site. Un troisième modèle haut de gamme est bien prévu pour être produit à Cassino, aux côtés des nouvelles générations de la Giulia (2026) et du Stelvio (2025), mais aucune date précise n’a été communiquée. Cette incertitude renforce l’inquiétude des salariés, d’autant plus que les mesures de chômage partiel arrivent à leur terme.
Un tournant décisif pour Stellantis
Alors que Stellantis prévoit d’investir plus de 30 milliards d’euros dans l’électrification et le développement de logiciels automobiles, la situation de Cassino pose de sérieuses questions sur la viabilité de cette stratégie. Le constructeur doit désormais trouver un équilibre entre innovation et réalité du marché pour éviter de mettre en péril l’un de ses sites emblématiques.
Avec une demande en berne et un avenir incertain, l’usine de Cassino incarne les défis majeurs que l’industrie automobile doit relever face à la transition énergétique. Reste à savoir si Stellantis saura rebondir avant qu’il ne soit trop tard.