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jeudi 6 novembre 2025
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    Batteries des hybrides rechargeables : l’angoisse de l’usure est-elle exagérée ?

    Acheter un hybride rechargeable d’occasion implique toujours la même hésitation. Pas celle du moteur. Pas celle de l’intérieur. Mais celle, presque invisible, qui repose sous le plancher : la batterie. Combien de temps tiendra-t-elle encore ? Quel est le vrai risque financier ? Et surtout, l’usure est-elle un constat statistique… ou une obsession collective ?

    C’est à ces questions qu’a tenté de répondre l’ADAC, l’équivalent allemand de l’Automobile Club. Son analyse, réalisée avec l’appui de la société Aviloo (spécialiste de la santé des batteries), repose sur un échantillon massif : 28 500 hybrides rechargeables, parfois fortement kilométrés, évalués en conditions réelles d’usage.

    Et pour une fois, les conclusions ne jouent pas la carte du catastrophisme.

    Une usure mesurable, mais souvent moins rapide que prévu

    Premier constat : dans la grande majorité des cas étudiés, la dégradation des batteries ne s’effondre pas prématurément. Elle semble suivre une trajectoire relativement prévisible, loin des scénarios alarmistes souvent redoutés par les acheteurs.

    L’ADAC résume le résultat avec pragmatisme : « Pour la plupart des véhicules analysés, il est raisonnable d’estimer que l’accumulateur conservera un cycle de vie équivalent à celui de la voiture elle-même. »

    Autrement dit : sur le papier, la probabilité que la batterie meure avant la fin d’utilisation du véhicule existe, mais elle n’est ni systématique, ni dominante.

    Un soulagement ? Partiellement.

    Car si la tendance globale apaise, un autre élément rappelle pourquoi le sujet reste inflammable : le prix des batteries.

    Petite batterie, énorme facture

    Contrairement à une idée répandue, la taille de la batterie ne dicte pas directement son coût de remplacement. Exemple glaçant issu d’une étude du SRA (Sécurité et réparation automobiles) : la batterie de 14,4 kWh d’un Audi Q5 55 TFSI-E affiche un prix de 13 452 € hors taxes. Soit presque l’équivalent de celle, pourtant quatre fois plus grosse, d’une Tesla Model 3 à batterie 57 kWh.

    Le raisonnement financier de l’acheteur d’occasion devient alors instable. Payer presque aussi cher pour remplacer un accumulateur petit, mais technologiquement plus complexe, remet en perspective la notion même de “bon choix économique”.

    Le paradoxe de l’utilisation vertueuse

    Plus surprenant encore : les usages les plus écologiques sont souvent… les moins doux pour la batterie.

    L’étude montre que les hybrides constamment rechargés et utilisés en mode 100% électrique présentent, à kilométrage équivalent, une dégradation plus marquée que ceux qui roulent davantage via leur moteur thermique.

    Pourquoi ? Parce que les cycles de charge/décharge s’enchaînent bien plus souvent. Une voiture électrique accomplit de longs trajets avec des recharges espacées. Un hybride rechargeable, lui, avale de petites séquences, mais les multiplie — ce qui accroît mécaniquement la sollicitation de la batterie.

    Ironie du sort : le comportement le plus vertueux pour l’environnement n’est pas le plus protecteur pour la longévité chimique de l’accumulateur.

    Un constat qui tombe à un moment délicat pour certains constructeurs allemands, qui envisagent d’imposer un usage électrique quotidien à leurs hybrides rechargeables dans le cadre de normes internes et réglementaires.

    Toutes les marques ne vieillissent pas de la même manière

    Si la tendance générale est rassurante, elle n’efface pas les déséquilibres individuels.

    Mercedes tire son épingle du jeu avec une consistance notable, y compris après 200 000 km.
    Volvo et le groupe Volkswagen (VW, Audi, Skoda, SEAT) affichent également des comportements stables.
    Chez Mitsubishi, en revanche, l’ancien Outlander PHEV montre parfois une dégradation plus rapide à bas kilométrage — avant de se stabiliser par la suite.
    Ford présente un tableau similaire mais souffre d’un manque de données pour anticiper l’évolution à très long terme.
    BMW ressort comme la marque où les écarts d’un véhicule à l’autre sont les plus visibles, suggérant une forte dépendance aux habitudes de recharge du propriétaire.

    Et la France dans tout ça ?

    Voilà l’angle mort du rapport : l’étude se concentre sur les modèles populaires en Allemagne. Ce qui signifie que les hybrides rechargeables de Renault et du groupe Stellantis sont absents de l’analyse, faute d’échantillon suffisant outre-Rhin.

    Pourtant, en France, le paysage est différent. Peugeot, DS et Citroën ont placé un grand nombre d’hybrides rechargeables sur nos routes, et les retours d’utilisateurs ne sont pas toujours alignés : certains évoquent une autonomie électrique qui diminue rapidement, d’autres ne constatent aucun vieillissement notable même après plusieurs années.

    Un terrain trop riche — et trop contrasté — pour rester dans l’angle mort statistique.

    L’étude de l’ADAC permet donc de relativiser les inquiétudes, sans balayer les incertitudes spécifiques à certains marchés. L’usure des batteries n’est peut-être pas la loterie que l’on imagine… mais avec des écarts de comportement aussi marqués selon les modèles et les usages, une vérité demeure : chaque hybride rechargeable vieillit à sa façon, et son conducteur pèse lourd dans l’équation.

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    Faris Bouchaala
    Faris Bouchaala
    Journaliste Automobile - Rédacteur en Chef Adjoint
    Grand passionné d’automobile depuis mon enfance, mon objectif au quotidien était de trouver le moyen d'arracher le volant à mon père. Très peu de gens ont la possibilité de transformer leur passion en une carrière, et il se trouve que je suis l'un de ces quelques privilégiés. J’ai rejoint la presse spécialisée en 2010, après un parcours totalement loin du domaine, car au final c’est la passion qui l’emporte.

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