Carlos Tavares, ancien PDG de Stellantis, a récemment vivement critiqué les politiques européennes en matière d’électrification et d’émissions, les qualifiant de « impasse » pour l’industrie automobile. Dans une interview accordée au média portugais Expresso, Tavares n’a pas mâché ses mots, accusant les dirigeants politiques européens de manquer de vision et de précipiter une transition rigide vers les véhicules électriques (VE).
Une transition trop rapide et risquée
Tavares a dénoncé ce qu’il considère comme une approche irréfléchie de la part des décideurs européens. « Une impasse créée exclusivement par les dirigeants politiques européens », a-t-il déclaré, soulignant les défis auxquels sont confrontés les constructeurs automobiles pour s’adapter à cette transition rapide. Il a également mis en garde contre la course aux VE, affirmant que la Chine est bien en avance sur l’Europe en termes de développement et de production de véhicules électriques. « La Chine a plusieurs années d’avance », a-t-il ajouté, qualifiant la situation de « défi darwinien » pour les constructeurs européens.
Un départ marqué par des tensions
Le départ de Tavares de Stellantis, annoncé le 1er décembre, a ajouté une nouvelle dimension à son mandat mouvementé. Officiellement, il a invoqué des désaccords avec le conseil d’administration, qualifiant la décision d’ »amicale » et prise en concertation avec John Elkann, président de Stellantis. Cependant, Tavares a laissé entendre que ces conflits étaient insoutenables : « Une entreprise qui compte 250 000 employés et 15 marques ne peut pas être gérée en l’absence d’alignement. »
Malgré les critiques, Tavares a défendu ses choix stratégiques. « Je prendrais les mêmes décisions si j’étais confronté à des circonstances similaires », a-t-il déclaré à Wards Auto.
Des tensions avec les concessionnaires américains
Son départ intervient dans un contexte de mécontentement croissant parmi les parties prenantes, notamment les concessionnaires américains. Le Conseil national des concessionnaires de Stellantis aux États-Unis a critiqué l’accent mis par Tavares sur les profits à court terme, pointant du doigt les prix exorbitants des nouveaux modèles et la baisse des ventes en 2024 pour les marques Dodge, Jeep, Ram et Chrysler. Ils ont également exprimé leur frustration face à la décision controversée de supprimer le moteur Hemi V-8, une icône pour les amateurs d’automobiles.
Stellantis cherche à se stabiliser
Suite au départ de Tavares, Stellantis a agi rapidement pour stabiliser la situation. Tim Kuniskis, ancien PDG de Dodge et Ram, a été rappelé pour diriger Ram, une décision confirmée par le conseil des concessionnaires. Le groupe prévoit de nommer un PDG permanent au cours du premier semestre 2025. Cependant, le chemin à parcourir pour Stellantis, et plus largement pour l’industrie automobile européenne, s’annonce semé d’embûches.
Un avenir incertain pour l’industrie européenne
Les critiques de Tavares soulèvent des questions cruciales sur l’avenir de l’industrie automobile européenne. Alors que la transition vers les véhicules électriques s’accélère, les constructeurs doivent faire face à des défis majeurs, notamment la concurrence chinoise et les attentes des consommateurs. Les politiques européennes, bien qu’ambitieuses, pourraient devoir être réévaluées pour éviter de mettre l’industrie dans une position difficile.
En attendant, Stellantis devra naviguer dans cette période de transition tout en cherchant à regagner la confiance de ses concessionnaires et de ses clients. Le prochain PDG aura pour mission de relever ces défis et de redéfinir la stratégie du groupe dans un paysage automobile en pleine mutation.