Successeur du Fiat Argenta, la Fiat Croma reste dans les mémoires comme le dernier grand « vaisseau amiral » de la marque italienne. Produite entre 1985 et 1994, elle marqua la fin d’une époque : celle des berlines de segment E chez Fiat. Mais elle marqua aussi un début. Car ce modèle introduisit des solutions techniques et stylistiques en avance sur son temps, dont certaines sont aujourd’hui devenues des standards dans l’industrie automobile.
Un projet né pour hausser le statut de Fiat
Au milieu des années 80, Fiat vise une clientèle exigeante : celle qui recherche plus de prestance que dans le segment D, sans franchir la barrière des grandes berlines de luxe. Pour répondre à cette ambition, la marque s’appuie sur la plateforme Type Four, partagée avec des modèles prestigieux : la Lancia Thema, l’Alfa Romeo 164 et la Saab 9000.
Cette décision stratégique permet à la Croma d’allier habitabilité généreuse et design affirmé. Ses lignes sobres, tracées avec rigueur, dégagent une élégance moderne. Elles annoncent un volume intérieur imposant, confirmé une fois les portes ouvertes.
Une berline au format généreux et pratique
Avec son empattement de 2,66 m, la Croma offrait un coffre de 500 litres. Accessible par un large hayon, il renforçait le côté pratique de cette silhouette atypique dite de « deux volumes et demi ». Dessinée par Giorgetto Giugiaro (Italdesign) et Tom Jaarda (Centro Stile Fiat), cette architecture anticipait de plusieurs décennies le concept actuel de fastback : une combinaison de dynamisme et de fonctionnalité.
À bord, l’impression de modernité se poursuivait. Le tableau de bord, constellé de boutons et de témoins lumineux, traduisait la volonté de Fiat de mettre la technologie au cœur de l’expérience. L’absence de tunnel de transmission libérait la banquette arrière, et l’équipement de série plaçait la Croma au-dessus de ses rivales : vitres électriques avant, verrouillage centralisé, projecteurs halogènes, lunette arrière dégivrante, volant réglable en hauteur, appuie-têtes avant et, sur les versions diesel, direction assistée.
📖 Lire aussi :
L’innovation mécanique comme signature
Mais c’est sous le capot que la Croma marqua un tournant. En 1986, elle fut la première voiture de série au monde à recevoir un moteur turbodiesel à injection directe : le Croma Turbo D i.d., un quatre cylindres de 1,9 litre. Une technologie qui allait transformer durablement l’automobile européenne.
Les amateurs d’essence n’étaient pas oubliés. Le 2.0 CHT (90 ch) offrait 180 km/h de vitesse maximale et un 0-100 km/h en 11,8 secondes. Ce bloc intégrait le système Controlled High Turbulence, développé par Yamaha : une admission à géométrie variable pionnière, garantissant consommation réduite et souplesse accrue à bas régime.
Au sommet de la gamme trônait le V6 2.5 conçu avec Alfa Romeo. Ses chiffres parlaient d’eux-mêmes : 215 km/h en pointe et un 0-100 km/h en 8,3 secondes. De quoi donner à la Croma une stature digne des meilleures routières de l’époque.
Une héritière oubliée, mais fondatrice
La Fiat Croma n’a pas seulement été un modèle. Elle a incarné un moment de transition, où Fiat a su conjuguer innovation mécanique, design visionnaire et praticité moderne. Son héritage reste présent : dans les fastbacks actuels, dans l’usage massif de l’injection directe, et dans l’idée qu’une berline familiale peut être à la fois statutaire et accessible.cswagen T-Roc 2026,