Encore un dur coup d’arrêt imposé par le gouvernement à l’encontre des opérateurs Algériens du secteur de l’automobile, suite à la décision de limitation de l’importation des kits d’assemblage, qui va au-delà de ça, puisque dans la note du Ministère de l’industrie, il s’agit de limiter également les modèles, pour se contenter uniquement des modèles validés par le CNI! Une démarche qui suscite énormément de questions dans l’absence totale de transparence, notamment quant au processus d’homologation et validation des modèles, qu’en est-il des modèles non autorisés mais pourtant assemblés, ou en tout cas, commercialisés par les concessionnaires en tant que modèles assemblés localement? Qu’en est-il des objectifs annoncés par le gouvernement précédent, de vouloir faire évoluer une industrie automobile en Algérie, arriver à assembler jusqu’à 500.000 véhicules d’ici 2020 afin d’attirer à coup sur les sous-traitants étrangers et encourager ceux qui veulent investir dans notre pays?
Depuis son installation, la nouvelle Ministre de l’Industrie, n’a pas encore fait de déclaration à propos de ce sujet, pourtant très important, puisqu’il s’agit d’un secteur qui emploie aujourd’hui des milliers de jeunes Algériens, un secteur dans lequel des grandes entreprises mondiales et grandes constructeurs automobiles se sont engagé pour la première fois dans le développement du secteur automobile en Algérie, à l’image du géant Allemand VOLKSWAGEN, dont quatre de ses marques sont assemblées au niveau de l’usine SOVAC de Relizane, et qui a engagé officiellement SEAT pour piloter ses projets industriels en Afrique du Nord et en Algérie, classée aujourd’hui 4e marché de la marque ibérique.
L’industrie automobile algérienne suscite un intérêt particulier de la part des investisseurs étrangers qui y voient une alternative financière et économique intéressante, la stagnation des ventes en Europe est un autre facteur aidant à cette approche. Le marché algérien reste le deuxième plus grand marché en Afrique. les différents gouvernements algériens qui se sont succédé ont multiplié les politiques visant à réduire les importations à travers les quotas et surtout l’interdiction d’importation faite aux concessionnaires automobiles qui n’auraient pas investi dans des chaînes industrielles de montage de véhicules, du coup, les chaines de montages se sont multipliés. En 2018, l’Algérie a assemblé 180.000 véhicules, pour ce faire, la facture d’importations des kits CKD/SKD destinés à l’assemblage automobile a atteint près de 3 milliards de dollars en 2018 contre 1,67 milliard de dollars en 2017, et sera limitée à pas plus de 2 milliards de dollars en 2019, et donc on ne dépassera pas les 100.000 unités assemblées à la fin de l’année, avec une limitation également des modèles, réduit à 16 modèles :
– Symbol, Clio et Sandero pour Renault
– Caddy, Golf, Octavia et Ibiza pour SOVAC
– Rio, Cerato et Picanto pour GLOVIZ/KIA
– Tucson, Santa fe, Accent RB, Sonata, I20 et Creta pour Hyundai
Par ailleurs, plusieurs modèles et marques ont été totalement exclues, il s’agit d’AUDI avec ces deux modèles récemment introduite, la A3 et Q2, les Volkswagen Tiguan, Polo et Passat, les Seat Leon, Arona et Ateca, les Kia Sportage et Sorento, les Hyundai i10, i30, i40, Accent, Elantra et Azera commercialisée récemment aux côtés des modèles des marques BAIC et Peugeot.
Qualifiée de fiasco, cette industrie automobile en Algérie n’a pas été bien pensée depuis le début selon plusieurs experts. Si les véhicules produits en Algérie reviennent plus cher que ceux de l’importation, c’est principalement dû, selon les observateurs, au système adopté, le SKD (semi knocked down) qui consiste à importer le véhicule en kits pré-montés, simplement rivetés ou boulonnés sur place. Si certaines usines qui assemblent des véhicules actuellement en Algérie montrent une vraie évolution dans le processus de montage en affichant un taux d’intégration évolutive suite à l’engagement de la sous-traitance local, qui ont réussi à arracher la confiance et acquérir les avantages de l’engame des grands groupes automobiles mondiaux, dans la perspective surtout du transfert de technologie, d’autres « intrus », « hommes d’affaires » se sont reversés dans le montage des véhicules car ils ont reniflé la «bonne affaire», encourager par des facilitations accordées par d’anciens chefs du secteur, à travers un cahier des charges taillées à leurs convenances.
L’objectif n’est pas le montage des véhicules, mais cette étape constitue un jalon nécessaire d’apprentissage, qui encouragera la participation active au processus de fabrication avec une intégration progressive.
Cette décision entreprise par un gouvernement de transition considéré anticonstitutionnel par les Algériens, pause un frein à l’activité des acteurs du secteur automobile, ferme définitivement la porte aux perspectives de développement, encore une fois, sans étude, sans stratégie transparente et claire, en remettant sur le tapis, par surcroît, le retour de l’importation des véhicules de moins de 3 ans.
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