Tesla, le pionnier de la voiture électrique, traverse une tempête en 2025. Avec une baisse de 15 % de ses ventes en Europe et une chute de 20 % de son action en mars, la firme d’Elon Musk vacille. Entre concurrence accrue et erreurs stratégiques, le génie visionnaire serait-il en train de perdre son trône ?
Une domination mise à rude épreuve
Longtemps intouchable, Tesla subit de plein fouet l’arrivée de rivaux comme BYD, qui a doublé ses ventes mondiales en 2024. En Europe, la Model 3, fabriquée en Chine, souffre des surtaxes de l’UE, tandis que la R5 de Renault grignote des parts sur le segment abordable. Aux États-Unis, les taxes de Trump sur les pièces importées alourdissent les coûts, malgré la production locale. Résultat : une marge opérationnelle en chute libre et des clients qui se détournent vers des alternatives moins chères.
Musk, entre génie et polémique
Elon Musk reste une figure clivante. Ses prises de position politiques, notamment son soutien à Trump, ont déclenché un boycott en Allemagne, où les ventes ont plongé de 30 % en février 2025. Ses promesses sur la conduite autonome, toujours repoussées, agacent aussi les investisseurs. Pendant ce temps, ses tweets provocateurs détournent l’attention des innovations. Tesla mise gros sur ses robots-taxis, mais sans résultats concrets, la confiance s’effrite.
Un tournant décisif à venir ?
Pour rebondir, Tesla doit accélérer ses lancements, comme le très attendu Cybercab. Mais face à des constructeurs chinois ultra-agressifs et des Européens qui reprennent du poil de la bête, le temps presse. Musk devra aussi calmer ses ardeurs médiatiques pour rassurer Wall Street. Si Tesla a révolutionné l’automobile, sa survie dépend désormais de sa capacité à s’adapter. La chute actuelle n’est pas une fin, mais un avertissement : même les géants peuvent trébucher.
Des chiffres et des faits
Si on reviens en arrière, les résultats décevants de janvier incitent à ne pas tirer de conclusions hâtives sur Tesla, dont les livraisons sont fortement concentrées en fin de trimestre. En Europe, entre 50 % et 60 % des immatriculations d’un trimestre ont lieu lors du dernier mois, tandis que le premier mois peut ne représenter que 15 % du total. La progression n’est donc jamais régulière, et les mois se succèdent avec des écarts marqués.
En 2024, Tesla avait enregistré 18 000 livraisons en janvier, 28 000 en février et près de 40 000 en mars. L’année précédente, les chiffres étaient respectivement de 9 000, 23 000 et plus de 61 000. En France, par exemple, seulement 741 véhicules avaient été vendus en janvier 2023 contre 8 710 en mars, soit près de douze fois plus. Il apparaît ainsi clairement qu’analyser la santé de la marque sur la base d’un seul mois est peu pertinent.
D’ailleurs, Tesla a connu son meilleur trimestre européen au premier trimestre 2023 (94 242 livraisons), malgré un mois de janvier modeste (9 492 unités). En janvier 2025, avec 9 724 immatriculations, la situation n’était donc pas nécessairement inquiétante. En revanche, les moins de 16 000 livraisons de février 2025, en net recul par rapport aux 23 000 de février 2023, confirment un ralentissement.