Dans les villes, la mobilité des personnes est en pleine mutation. Embouteillages, restrictions de circulation, coûts de possession d’un véhicule… De plus en plus de citadins se tournent vers l’autopartage. Une solution également encouragée par les municipalités pour répondre aux besoins de leurs administrés et constituer une offre de transport multimodale. Mais comment fonctionne « l’arrière-boutique » ? Comment un opérateur et une municipalité s’entendent-ils pour implanter un service d’autopartage ? Quels critères doivent être pris en compte pour assurer et optimiser son fonctionnement ? Nous avons voulu lever le voile sur les coulisses de l’implantation d’un service d’autopartage dans une grande capitale et dans une agglomération de taille moyenne. Notre enquête nous a conduit à Madrid et à Nice à la découverte de Zity by Mobilize et de Mobilize Share, dont les flottes sont 100% électriques.
« En France, une future implantation est avant tout conditionnée à un accord sur le cahier des charges de la commune et à l’obtention du label autopartage. »
Guillaume Naegelen, Responsable Programme Mobilize Share
L’autopartage, c’est quoi ?
Notre enquête porte sur l’autopartage. Mais qu’entend-on exactement par ce terme ? Si l’on se réfère à un dictionnaire, nous apprenons que l’autopartage consiste en « la mise à disposition de véhicules en libre-service, au profit d’usagers et pour la durée et la destination de leur choix ».
En interrogeant Laurence Béchon, Directrice des services de mobilité de Mobilize, on se fait vite préciser que l’autopartage se distingue de la location traditionnelle par des spécificités importantes : mise à disposition d’un véhicule sans remise des clés en main propre (d’où l’expression « en libre-service »), 24 heures/24 et 7 jours/7, pour une durée allant de quelques minutes à quelques jours. Le déverrouillage et le verrouillage s’opèrent avec le smartphone. La facturation de cette location comprend l’ensemble des frais du trajet dont la recharge et l’assurance.
Mais on apprend au passage qu’il existe deux types d’autopartage : celui sans station comme Zity by Mobilize et celui avec station comme Mobilize Share.
Sans station, Zity by Mobilize est une solution d’autopartage dite en « free-floating ». Les voitures sont disponibles en libre-service dans la rue, sans matérialisation d’emplacements réservés pour en prendre possession et les restituer. La location ne nécessite pas de réservation du véhicule et du créneau horaire. Le client est libre d’arrêter la location du véhicule quand et où il le souhaite dans la zone de couverture du service. L’utilisateur peut par exemple réaliser des trajets courts type aller-simple. Dans le cadre d’un tel service, les déplacements n’excèdent généralement pas deux à trois heures.
Mobilize Share est une solution d’autopartage dite « en boucle » ou « station based ». Le véhicule et sa plage d’utilisation peuvent être réservés préalablement à l’emprunt afin de s’assurer d’avoir une solution de mobilité disponible au créneau voulu. Les voitures doivent être prises et restituées sur un emplacement dédié, qui peut servir à la fois au stationnement et à la recharge, comme c’est le cas à Nice.
Free-floating ou station-based : quel service pour quel type de ville ?
La suite de nos échanges avec Laurence Béchon nous permet de comprendre que l’autopartage trouve pour le moment essentiellement sa place et sa rentabilité dans les zones urbaines à forte et moyenne densité. Ce moyen de déplacement est en effet complémentaire des autres solutions de transports publics et privés que l’on trouve dans les grandes villes.
Avant d’implanter un service d’autopartage dans une grande ville, un opérateur étudie d’abord la configuration générale du territoire : nombre d’habitants, nombre d’emplois, densité, mixité emplois/logements, accessibilité et efficacité du système de transport existant, concurrence, etc. Mais attention : les services d’autopartage de type « free-floating » et « station-based » n’ont pas les mêmes critères d’implantation.
Pour mener notre enquête sur le terrain, le choix de Madrid s’impose naturellement. La capitale espagnole est, en effet, la première ville à avoir accueilli le service Zity by Mobilize.
Le « free-floating » comme Zity by Mobilize s’adresse aux villes à forte densité dont la mobilité des habitants est majoritairement multimodale. Pour être attractif dans cet environnement concurrentiel, le service doit avoir un tarif modéré et garantir une grande simplicité d’utilisation donc un stationnement aisé et gratuit des véhicules. José Barrios, responsable des opérations de Zity Madrid, le confirme : « L’autopartage en ‘free-floating’ comme Zity by Mobilize est adapté aux grandes villes de plus de 500 000 habitants. La clé est la densité de véhicules par kilomètre. Pour un service de free-floating efficace, l’utilisateur doit avoir accès à une voiture à moins de 300 mètres de sa position. Une flotte de 700 à 800 véhicules est ainsi nécessaire pour une ville comme Madrid qui compte plus de 3 millions d’habitants. »
Un tel volume de voitures nécessite une infrastructure dédiée pour la maintenance et la recharge des véhicules. José Barrios nous précise que Zity, société indépendante du réseau commercial de Renault Group, utilise plus de 3 000 m² de locaux et mobilise un effectif de 70 personnes pour assurer le service.
De son côté, un service en « station-based » comme Mobilize Share correspond plus aux villes de moyenne densité, où le besoin de mobilité en autopartage est plus ponctuel. Direction Nice pour poursuivre notre enquête dans cette ville qui compte environ 340 000 habitants.
« A Nice, la flotte de Mobilize Share est constituée de 62 véhicules électriques. Ce volume convient aux besoins de mobilité des Niçois. Les trajets sont plus longs que ceux en free-floating et la durée moyenne des locations est d’environ 7 heures », explique Guillaume Naegelen, Responsable Programme Mobilize Share. Il précise que « Mobilize Share est déployé au travers du réseau local de concessionnaires Renault qui assure par ailleurs la maintenance des véhicules. »
Dans les deux cas, la taille de la flotte doit-être adaptée selon des paramètres stratégiques tels que la densité de population, la demande et son rythme de croissance.
Maintenant que les différents types de services d’autopartage sont clairement définis, tournons-nous vers les acteurs de leur implantation.
Comment une ville est-elle choisie pour accueillir une solution d’autopartage ?
Lorsqu’un besoin de mobilité partagée ou une ville à potentiel sont identifiés, Mobilize ou la municipalité (voire la « région » selon le découpage administratif du pays) entrent en contact. Si nécessaire, les intercommunalités gestionnaires de voirie ou détentrices du pouvoir de police de circulation et de stationnement sont impliquées dans la mise en œuvre opérationnelle des projets. Le projet se construit alors dans un esprit de co-construction, avec l’ensemble des parties prenantes.
« En France, une future implantation est avant tout conditionnée à un accord sur le cahier des charges de la commune et à l’obtention du label autopartage, » précise Guillaume Naegelen, Responsable Programme Mobilize Share.
Vous ne connaissez pas ce label ? Il permet au service d’être reconnu comme d’utilité publique : ce qui détermine l’attribution de places de stationnement réservées, l’utilisation des bornes de recharge publiques et la gratuité permanente ou temporaire du stationnement. Ce label est donc indispensable !
Ensuite, la zone d’implantation du service doit être définie précisément. « Les usagers d’autopartage en ‘free-floating’ utilisent d’autant plus le service que la densité des stations est forte et que les contours de la zone sont clairement identifiables (grands-boulevards ou périphériques par exemple) » précise José Barrios, Manager des opérations de Zity Madrid.
L’issue des échanges avec la collectivité est également déterminée par la durée du contrat d’exploitation, par le niveau de soutien accordé et par le montant éventuel de la redevance associée à la mise à disposition des places.
L’autopartage est souvent encouragé par les pouvoirs publics car il contribue à la réduction des émissions polluantes et sonores, d’autant plus lorsqu’il est 100 % électrique. Il est par ailleurs simple d’utilisation et économique pour les usagers. Pas étonnant que ce mode de mobilité soit en forte croissance !
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