back to top
jeudi, octobre 2, 2025
Plus

    Stellantis en crise : Arrêt de production dans 7 usines en Europe et ventes en chute libre

    Stellantis, le géant automobile regroupant des marques comme Peugeot, Citroën, Fiat, Opel, Jeep et Chrysler, traverse une période particulièrement difficile en cette rentrée 2025.

    Avec des ventes en berne sur le marché européen et des stocks qui s’accumulent, le groupe a annoncé des arrêts temporaires de production dans plusieurs usines, touchant des milliers de salariés. Ces mesures, justifiées par un « marché difficile », ravivent les craintes de restructurations plus profondes, un an après une crise similaire aux États-Unis qui a conduit à la démission de l’ancien PDG Carlos Tavares.

    Des Arrêts de Production en Cascade en Europe

    Depuis fin septembre 2025, Stellantis a révélé un plan de mise en pause de la production dans au moins six usines européennes, pour un total cumulatif de plus de 60 jours d’arrêt. Ces interruptions, qui concernent environ 16 000 salariés, visent à ajuster les volumes face à une demande atone et à éviter un surstock en fin d’année. Voici les principaux sites impactés :

    UsinePaysDurée de l’arrêtRaison principaleModèles produits
    PoissyFrance (Yvelines)13 au 31 octobre (3 semaines)Gestion des stocksOpel Mokka, Citroën C3 Aircross
    MulhouseFrance (Haut-Rhin)27 octobre au 2 novembre (1 semaine)Baisse des ventes et concurrencePeugeot 308, 408 ; DS 7
    SochauxFrance (Doubs)Vendredis 10, 17, 24 octobre + nuits du 5 et 31 octobreProblème de fournisseurs (batteries et hybrides)Peugeot 3008, 5008 hybrides
    EisenachAllemagneFin octobre (durée non précisée)SurstockOpel Grandland
    Saragosse et MadridEspagneOctobre (1-2 semaines)Ajustement productionPeugeot 2008, Citroën C3 Aircross
    PomiglianoItalie29 septembre au 6/10 octobre (lignes Panda et Tonale)Rééquilibrage demandeFiat Panda, Alfa Romeo Tonale
    TychyPologneOctobre (durée non précisée)Stocks excessifsFiat 600, Jeep Avenger

    Ces pauses ne sont pas isolées : en 2024, des arrêts similaires avaient déjà touché des sites comme Vigo (Espagne) ou Mirafiori (Italie). Stellantis insiste sur le fait que ces mesures sont temporaires, avec des formations et travaux d’entretien prévus pendant les arrêts pour maintenir l’emploi.

    Un marché européen en berne : ventes en chute et concurrence chinoise

    La raison principale invoquée par Stellantis est un « marché européen difficile », avec une baisse des ventes de 8,1 % à 10 % entre janvier et juillet 2025 (environ 1 million d’unités pour le groupe). Sur les neuf premiers mois, le marché français a reculé de 6,25 % (moins d’1 million de voitures neuves), et l’Europe continentale est stable à -0,1 %, mais loin des 18 millions d’unités pré-Covid (prévisions 2025 : 14,9 millions). Stellantis, avec une part de marché en perte (-9,47 % en France), est particulièrement touché, devancé par Renault.

    Les causes structurelles :

    • Attentisme des consommateurs : Les acheteurs hésitent face aux prix élevés des électriques et hybrides, malgré les bonus (électriques : 18,3 % des ventes en France, en hausse mais insuffisante).
    • Concurrence chinoise : BYD, MG et Leapmotor gagnent du terrain avec des VE low-cost, érodant les parts de Stellantis (ventes VE en baisse de 20 % pour le groupe).
    • Surstocks hérités de 2024 : Aux États-Unis, une chute de 27 % au T3 avait forcé des rabais massifs, plombant la rentabilité et accélérant le départ de Tavares, remplacé par Antonio Filosa en septembre 2025.

    Le PDG Filosa a revu à la baisse les prévisions 2025, évoquant une « perte de 3 millions de ventes » en Europe, équivalente aux marchés italien et espagnol combinés.

    Problèmes d’image et rappels : un blason écorné

    Au-delà des ventes, Stellantis fait face à des scandales qui minent sa réputation :

    • Airbags Takata : En juillet 2025, l’UFC-Que Choisir a lancé une action de groupe contre Stellantis et Citroën pour des véhicules interdits de circulation (indemnités demandées : jusqu’à 5 000 € par propriétaire).
    • Moteur 1.5 BlueHDi diesel : Rappels massifs (plus de 900 000 voitures en juillet 2025) pour des pannes de soupapes et casses moteurs, touchant Peugeot, Citroën et Opel.

    Ces affaires, couplées à une perception de « produits surévalués », contribuent à la grogne des clients et à une image écornée, comme chez Volkswagen (prévisions revues à la baisse, 35 000 suppressions de postes prévues).

    L’Inquiétude des salariés : pertes de salaire et craintes de fermetures

    Les arrêts touchent directement les salariés : à Sochaux, chaque jour chômé représente une perte de 16 % du salaire (jusqu’à 15 % net pour ceux sans heures compensées). À Mulhouse, la CFE-CGC dénonce une « détérioration continue » affectant 4 500 employés. Des formations sont prévues pour amortir (via la banque d’heures), mais les syndicats comme SUD à Poissy y voient un « pas vers la fermeture » (production Opel Mokka stoppée en 2028, sans successeur annoncé).

    Stellantis nie tout plan de fermeture : « Pas de projet pour Poissy ou ailleurs en France ; productions engagées jusqu’en 2028 », assure Jean-Charles Lefebvre, porte-parole. Cependant, les délégués exigent plus de visibilité : la feuille de route de Filosa est attendue au T1 2026, incluant de nouveaux modèles et affectations industrielles.

    Stratégies pour rebondir : initiatives commerciales et nouveaux modèles

    Pour inverser la tendance, Stellantis mise sur :

    • Actions commerciales : Journées portes ouvertes, leasing boosté (jusqu’à -30 % sur LLD) et « politiques de prix » agressives pour écouler les stocks.
    • Nouveaux lancements : Remaniement de la gamme pour inclure plus de thermiques/hybrides (face à l’interdiction UE 2035), comme le retour de versions essence sur Peugeot 3008/5008.
    • Reconquête : Filosa promet une « opération reconquête » avec focus sur les ventes aux particuliers (le canal le plus rentable).

    Malgré ces mesures, les analystes doutent : le groupe a perdu 80 000 unités de production ces mois-ci, et la concurrence chinoise (18,3 % du marché VE français) accentue la pression.

    Perspectives : une crise structurelle pour l’automobile européenne

    Ces arrêts chez Stellantis s’inscrivent dans une crise plus large : Volkswagen prépare 35 000 suppressions de postes, et le secteur européen fait face à une « guerre commerciale » avec la Chine. Sans rebond des ventes (prévisions UE : -0,1 % en 2025), des restructurations plus sévères pourraient suivre. Les salariés attendent la stratégie Filosa pour un horizon clair, mais l’inquiétude persiste. Stellantis, avec 14 marques, doit urgemment redorer son blason pour éviter un 2026 encore plus sombre.

    Suivez-nous :

    Faris Bouchaala
    Faris Bouchaala
    Journaliste Automobile - Rédacteur en Chef Adjoint
    Grand passionné d’automobile depuis mon enfance, mon objectif au quotidien était de trouver le moyen d'arracher le volant à mon père. Très peu de gens ont la possibilité de transformer leur passion en une carrière, et il se trouve que je suis l'un de ces quelques privilégiés. J’ai rejoint la presse spécialisée en 2010, après un parcours totalement loin du domaine, car au final c’est la passion qui l’emporte.

    Articles connexes

    Top Actualité

    Nouveautés

    Articles Récents