Dans les fjords suédois, berceau de Volvo, le vent du changement souffle. Mais contrairement aux bourrasques impétueuses d’antan, c’est une brise plus mesurée qui anime désormais les voiles du constructeur scandinave. Volvo, longtemps chantre d’un futur tout électrique, vient de faire machine arrière sur l’un de ses objectifs les plus ambitieux : le 100% électrique d’ici 2030.
Cette volte-face, annoncée à demi-mot il y a quelques jours, n’est pas sans rappeler l’échec cuisant de la promesse du « zéro mort sur les routes en 2020 », lancée en fanfare en 2016. Une leçon d’humilité pour un constructeur qui, ces dernières années, s’était fait le héraut d’une vision parfois jugée utopique de l’automobile.
Pourtant, derrière ce revirement se cache une stratégie bien huilée. Volvo ne renonce pas à l’électrification, loin s’en faut. Le constructeur prévoit désormais d’atteindre 90% de véhicules électrifiés (100% électriques ou hybrides rechargeables) dans sa gamme d’ici 2030. Un objectif qui, s’il paraît moins ronflant, n’en demeure pas moins ambitieux.
Cette nouvelle feuille de route s’accompagne d’un plan produit particulièrement chargé. Pas moins de dix nouveautés sont attendues d’ici 2026, selon les informations d’Automotive News. Un chiffre qui donne le vertige et témoigne de la frénésie qui s’est emparée de l’industrie automobile face aux défis de la transition énergétique.
Parmi ces futures stars du catalogue Volvo, l’ES90 fait figure de porte-étendard. Cette grande berline 100% électrique, attendue pour 2025, aura la lourde tâche de rivaliser avec les mastodontes allemands que sont la BMW i5 et la Mercedes EQE. Un défi de taille pour le constructeur suédois, qui devra prouver sa capacité à séduire une clientèle premium habituée au raffinement teuton.
Mais Volvo ne mise pas tout sur l’électrique pur. L’EX60, un SUV électrique de taille moyenne, côtoiera dans les showrooms un nouveau SUV hybride rechargeable. Une stratégie à deux vitesses qui témoigne d’une approche pragmatique de la transition énergétique, tenant compte des réalités de marchés aussi divers que l’Europe et les États-Unis.
Le XC60, best-seller de la marque, n’est pas oublié. Une version « profondément améliorée » est dans les cartons, s’inspirant de la refonte réussie du XC90. Une preuve, s’il en fallait, que Volvo n’abandonne pas son ADN de constructeur de SUV premium.
Cette révision stratégique de Volvo s’inscrit dans un contexte plus large de remise en question du « tout électrique » dans l’industrie automobile. Face à des infrastructures de recharge encore insuffisantes et à une demande consommateur plus timorée qu’espéré, de nombreux constructeurs revoient leurs copies.
Pour Volvo, l’enjeu est de taille. Comment conserver son image de marque pionnière en matière de sécurité et d’écologie, tout en s’adaptant aux réalités du marché ? La réponse semble se trouver dans un savant dosage entre audace technologique et pragmatisme commercial.
Alors que le lancement de l’imposant SUV électrique EX90 bat son plein, Volvo se prépare à une décennie charnière. Entre électrification massive et maintien d’une offre hybride, le constructeur suédois trace sa route sur le fil du rasoir de la transition énergétique.
Dans les bureaux d’études de Göteborg, les ingénieurs s’activent. Les dix nouveautés promises d’ici 2026 ne sont pas qu’un chiffre lancé à la volée, mais bien le reflet d’une industrie en pleine ébullition. Restylages, nouveaux modèles, innovations technologiques : Volvo joue gros sur cette séquence.
L’avenir dira si cette stratégie plus nuancée permettra à Volvo de conserver sa place dans le peloton de tête des constructeurs premium. Une chose est sûre : dans les fjords suédois, on n’a pas fini d’entendre parler de voitures électriques… et hybrides.