Dans le monde impitoyable de l’automobile, les symboles ont la vie dure. La Fiat 500, icône italienne s’il en est, vient d’en faire la douloureuse expérience. Depuis le vendredi 13 septembre – date prémonitoire s’il en est – les chaînes de production de sa version électrique sont à l’arrêt à Mirafiori, berceau historique de la marque turinoise. Un coup dur qui résonne comme un avertissement pour toute l’industrie.
Cette décision, loin d’être anodine, s’inscrit dans un contexte plus large de remise en question du tout-électrique. Stellantis, maison-mère de Fiat, justifie cet arrêt par un « manque actuel de commandes lié aux profondes difficultés rencontrées sur le marché européen ». Une litote pour décrire une situation qui frise la crise existentielle pour le secteur.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une chute vertigineuse de 42% des ventes sur les sept premiers mois de 2024. Un effondrement qui oblige Fiat à revoir sa copie, et vite. Dans les couloirs de Turin, on s’active déjà pour préparer le retour d’une version thermique de la 500, tandis qu’une déclinaison hybride est annoncée pour fin 2025, voire début 2026. Un revirement stratégique qui pose question sur la viabilité à court terme du tout-électrique dans certains segments du marché.
L’usine de Mirafiori, capable de produire jusqu’à 80 000 Fiat 500 par an, se retrouve ainsi en surcapacité chronique. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que ses chaînes s’arrêtent : en février dernier, 1 250 salariés avaient déjà été mis au chômage partiel pour plusieurs semaines. Une situation qui illustre la volatilité du marché et la difficulté pour les constructeurs à anticiper la demande.
Mais les problèmes de la 500e ne se limitent pas à une simple question de demande. Son positionnement même sur le marché soulève des interrogations. Avec un prix de départ à 30 400 € pour une autonomie WLTP de seulement 190 km, la petite italienne peine à justifier son ticket d’entrée face à une concurrence de plus en plus agressive. Dans un segment où chaque kilomètre d’autonomie compte, la 500e semble avoir manqué le coche de l’évolution technologique.
Le contexte réglementaire n’arrange rien. L’arrêt des subventions en Allemagne et la tendance générale à la réduction des incitations à l’achat dans de nombreux pays européens ont porté un coup dur aux ventes de véhicules électriques, particulièrement dans les segments inférieurs. La 500e, positionnée comme une citadine premium électrique, se retrouve ainsi prise en étau entre des modèles plus abordables et des véhicules offrant de meilleures performances.
Cette situation soulève des questions plus larges sur la stratégie d’électrification massive adoptée par de nombreux constructeurs. Le pari du tout-électrique, encouragé par les politiques européennes, se heurte-t-il à la réalité du marché et aux attentes des consommateurs ? L’industrie automobile n’a-t-elle pas sous-estimé les défis technologiques et économiques liés à cette transition ?
Pour Fiat et Stellantis, l’enjeu est de taille. L’investissement de 100 millions d’euros dans l’usine de Mirafiori témoigne de l’importance stratégique du site. Mais cet argent suffira-t-il à redresser la barre ? La marque italienne devra sans doute revoir en profondeur son offre électrique pour rester dans la course.
L’arrêt de production de la 500e n’est peut-être qu’un exemple parmi d’autres des ajustements douloureux que l’industrie automobile devra opérer dans les années à venir. Entre les objectifs ambitieux de réduction des émissions et la réalité économique, le chemin vers une mobilité tout-électrique s’annonce plus sinueux que prévu.
Alors que les chaînes de Mirafiori restent silencieuses, c’est tout un pan de l’histoire automobile qui semble en suspens. La Fiat 500, symbole de la dolce vita italienne, saura-t-elle se réinventer une fois de plus pour survivre à l’ère électrique ? L’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : la route vers la mobilité de demain promet encore bien des rebondissements.
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