Nouveau coup dur pour Nissan. Déjà en difficulté face à la concurrence mondiale, aux droits de douane américains et à des ventes en berne, le constructeur japonais perd un soutien symbolique. Le fonds de pension de Mercedes-Benz a annoncé la cession de sa participation de 3,8 % dans Nissan Motor, évaluée à 346 millions de dollars (environ 296 millions d’euros). Une décision qui s’ajoute à une série de désengagements et renforce les inquiétudes autour de l’avenir du groupe de Yokohama.
Mercedes tourne la page Nissan
Le porte-parole de Mercedes a confirmé lundi que la participation détenue depuis 2016 dans Nissan n’était pas stratégique. Elle avait été transférée aux actifs de retraite à l’époque et son maintien ne se justifiait plus. La vente est donc présentée comme un simple « nettoyage de portefeuille ».
Mais pour Nissan, le symbole est lourd. Car Mercedes figurait jusqu’ici parmi les principaux actionnaires, juste derrière Renault. En se retirant, l’allemand envoie un signal clair : le constructeur japonais inspire de moins en moins confiance aux investisseurs.
Une action en chute libre
Depuis le début de l’année, l’action Nissan a perdu 24 % de sa valeur. Et la tendance ne date pas d’hier : sur un an, le titre a reculé de 40 %. La capitalisation boursière plafonne désormais à 7,7 milliards d’euros, loin derrière Renault (11,7 milliards), et très loin de Toyota, valorisé trente fois plus. Même Honda affiche une valeur six fois supérieure.
Cette nouvelle cession accentue donc la pression. Le prix des titres mis sur le marché sera compris entre 337,5 et 345 yens par action (soit entre 1,96 et 2 euros). Cela représente une décote de 5 à 7 % par rapport au dernier cours de clôture à Tokyo. Le calendrier est précis : fixation du prix avant l’ouverture de la Bourse mardi, règlement prévu jeudi.
Nissan, un fardeau pour Renault
Pour Renault, partenaire historique mais désormais désengagé, la situation devient lourde. Le 9 juillet dernier, le groupe français a annoncé une perte comptable de 9,5 milliards d’euros liée à Nissan, sur le premier semestre. Une charge exceptionnelle, due à la différence entre la valeur comptable de la participation et sa valeur réelle en bourse. Renault insiste sur le caractère technique de cette perte : il ne s’agit pas d’une sortie de cash, ni d’un risque sur le dividende.
Reste que l’impact est considérable. Déjà l’an dernier, Nissan avait amputé le bénéfice net de Renault de 2 milliards d’euros. Et la spirale continue : la dépréciation de la valeur boursière du japonais ne cesse de creuser l’écart.
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Une alliance en voie de dissolution
Il faut rappeler qu’en 2023, Renault détenait encore 43,4 % du capital de Nissan. Mais la redistribution des cartes a tout changé. Aujourd’hui, Renault ne possède plus que 17,05 % du capital et 15 % des droits de vote. De son côté, Nissan détient la même proportion dans Renault.
Les parts restantes de Renault (18,7 % du capital de Nissan) ont été placées dans une fiducie indépendante. Objectif : attendre une éventuelle remontée du cours pour céder progressivement. Les deux groupes ont d’ailleurs annoncé en mars 2025 leur volonté de réduire encore leurs participations croisées, jusqu’à 10 % chacun. Une alliance réduite au strict minimum, loin de l’ambition initiale.
Un plan de redressement incertain
Nissan tente pourtant de redresser la barre. Le constructeur a lancé une restructuration profonde, incluant la fermeture de certaines usines au Japon et à l’étranger. Objectif affiché : réduire les coûts et retrouver une rentabilité durable. Mais les investisseurs doutent.
La perte de confiance est telle que chaque désengagement, comme celui de Mercedes, pèse immédiatement sur le titre en bourse. Pour les analystes, il s’agit d’un cercle vicieux : chute du cours, baisse de capitalisation, inquiétudes accrues, et difficulté à financer la transformation.
Renault reste le dernier pilier
Dans ce contexte, Renault apparaît comme le dernier grand actionnaire à soutenir Nissan. Mais pour combien de temps ? Le groupe français, déjà fragilisé par ses propres défis, ne peut éternellement absorber les pertes liées à son partenaire japonais. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : sans une remontée rapide de Nissan, la charge restera lourde dans les comptes de Boulogne-Billancourt.
Une alliance en sursis
La cession de Mercedes, bien que présentée comme purement technique, envoie un signal inquiétant. Elle confirme que Nissan inspire de moins en moins confiance, y compris à ses anciens alliés stratégiques. Pour Renault, l’avenir de l’alliance se limite désormais à une participation réduite et à une patience forcée. Pour Nissan, la survie passera par une transformation réussie… ou par un repositionnement complet sur la scène mondiale.