Stellantis a annoncé la fermeture de son usine de véhicules utilitaires légers de Luton, une décision qui menace directement 1 100 emplois et cristallise les tensions entre le constructeur automobile et le gouvernement britannique sur les objectifs de véhicules électriques.
L’entreprise, qui produit actuellement des fourgonnettes pour les marques Vauxhall, Opel, Citroën, Peugeot et Fiat, a justifié cette décision stratégique par le contexte du mandat zéro émission (ZEV) imposé par le gouvernement britannique. Ce mandat contraint les constructeurs à atteindre 22% de ventes de véhicules électriques pour les voitures particulières et 10% pour les utilitaires dès cette année, sous peine d’amendes de 15 000 livres par véhicule non conforme.
Le PDG de Stellantis, Carlos Tavares, est en conflit ouvert avec les autorités britanniques, dénonçant des objectifs déconnectés de la demande réelle des consommateurs. Malgré ses multiples demandes de flexibilité, ni le gouvernement travailliste actuel ni le précédent gouvernement conservateur n’ont cédé à ses revendications.
L’usine de Luton sera progressivement fermée, avec un transfert de « centaines » de postes vers l’usine d’Ellesmere Port, que Stellantis transformera en hub de production électrique. Un investissement de 50 millions de livres est prévu pour cette reconversion, après un premier investissement de 100 millions de livres en 2021 pour basculer la production vers des véhicules électriques.
Parallèlement, Stellantis réorganise sa production européenne. La fabrication des moteurs thermiques de fourgonnettes sera transférée en France, à l’usine de Houdain. De nouveaux sites de production sont également prévus en Turquie et au Portugal pour maintenir la capacité de production des modèles actuellement fabriqués à Luton.
Le gouvernement britannique, par la voix du porte-parole du Premier ministre Keir Starmer, maintient sa position. Malgré une future consultation, l’échéance de 2030 pour l’arrêt des ventes de véhicules essence et diesel reste inchangée. « Nous reconnaissons les défis de l’industrie », a déclaré le porte-parole, tout en affirmant vouloir « assurer la certitude pour l’industrie ».
L’industrie automobile britannique traverse une période de mutation complexe. Les coûts de production ont significativement augmenté ces dernières années, avec des hausses des coûts énergétiques et des salaires pour contrer l’inflation.
La fermeture de l’usine de Luton illustre les difficultés de la transition vers l’électrique, alors que les constructeurs doivent simultanément réduire leurs émissions, maintenir leur compétitivité et s’adapter à une demande des consommateurs encore hésitante.