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mercredi, juillet 30, 2025
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    Stellantis confirme une perte nette de (2,3) milliards d’euros au S1 2025, Antonio Filosa prévoit des « décisions difficiles »

    Après un premier semestre désastreux, le géant automobile joue son va-tout avec un plan choc mêlant coupes budgétaires, retours de modèles emblématiques et pari sur l’hybride. Objectif : reconquête du marché et redressement express.

    Stellantis, le colosse aux quinze marques (Peugeot, Fiat, Jeep, Chrysler…), traverse en 2025 l’une des tempêtes les plus brutales de son histoire récente. À l’issue d’un premier semestre marqué par une perte nette de 2,3 milliards d’euros – un retournement spectaculaire après un bénéfice de 5,6 milliards un an plus tôt – le groupe semble déterminé à inverser la tendance. Sous la houlette de son nouveau directeur général Antonio Filosa, Stellantis annonce une « accélération progressive » dès le second semestre, malgré un contexte plombé par les droits de douane américains et une contraction marquée de ses ventes.

    Un virage stratégique assumé

    Depuis son arrivée fin juin, Antonio Filosa n’a pas mâché ses mots. Il promet des « décisions difficiles », une révision stratégique sans concession, et un recentrage sur ce qui fonctionne réellement. Première étape : faire le ménage dans les projets jugés non rentables. Exit les investissements dans l’hydrogène et dans certains véhicules utilitaires jugés trop coûteux. Bilan : 2 milliards d’euros d’abandons d’activités actés.

    « Nous avons commencé à corriger ce qui ne va pas chez Stellantis, en capitalisant sur notre énergie, nos talents, et sur le lancement de produits à fort potentiel« , a déclaré Filosa devant les analystes, déterminé à restaurer la rentabilité et la confiance des investisseurs.

    Trump frappe, Stellantis encaisse

    La hausse des droits de douane imposée par Donald Trump pèse lourd dans la balance. Produisant près d’un quart de ses véhicules vendus aux États-Unis depuis le Mexique, Stellantis estime l’impact à 1,5 milliard d’euros sur l’année. Pour s’adapter, le groupe a ralenti la cadence en Amérique du Nord, en réponse à des stocks excédentaires et à un marché devenu brutalement plus coûteux.

    Résultat : les livraisons mondiales ont plongé de 6% au deuxième trimestre, après un recul de 9% au premier. Le chiffre d’affaires du semestre tombe à 74,3 milliards d’euros, soit une chute de 13% par rapport à 2024.

    Le retour des icônes pour séduire les clients

    Face à cette spirale négative, Stellantis dégaine ses armes les plus efficaces : ses modèles les plus iconiques, réintroduits sur le marché avec une précision chirurgicale. Aux États-Unis, le pick-up Ram 1500 revient dans une version plus abordable, adaptée aux nouvelles attentes des concessionnaires et des clients. Autre comeback très médiatisé : le moteur V8 Hemi de 400 chevaux, arrêté fin 2024, fait son retour triomphal. Résultat immédiat : 10 000 commandes en 24 heures.

    « C’est une preuve éclatante de notre capacité à nous reconnecter à notre base« , se félicite Filosa, dont la carrière, très ancrée dans les Amériques, lui donne une lecture fine des attentes du marché nord-américain.

    L’Europe en ligne de mire

    Mais Stellantis ne mise pas tout sur l’Amérique. En Europe, le groupe veut reprendre la main sur la qualité de ses véhicules et accélérer le lancement de ses nouveaux modèles, à commencer par la Citroën C5 Aircross et la DS N°8. L’offensive hybride sera également renforcée, le groupe voyant dans cette motorisation une réponse réaliste aux défis environnementaux et économiques du moment.

    « L’année est difficile, mais elle sera aussi celle d’un redressement. Pas spectaculaire, mais méthodique et structuré« , résume le nouveau patron. Objectif affiché : retrouver des marges solides, stabiliser les ventes et préparer le terrain pour une croissance plus durable en 2026.

    Le chantier est immense. La marge opérationnelle, autrefois attendue autour de 10 %, s’est effondrée à 0,7% sur les six premiers mois. Pour remonter la pente, Stellantis devra réussir un cocktail délicat : exécution industrielle sans faille, montée en puissance rapide des nouveaux produits, et surtout, regagner la fidélité des clients déçus.

    Si le pari est risqué, la stratégie de Stellantis a le mérite d’être claire : recentrer, rationaliser, réagir. Un jeu à quitte ou double dans un marché automobile mondial de plus en plus imprévisible.

    À suivre : les résultats du troisième trimestre diront si le virage Filosa permet au groupe de redresser la barre ou s’il s’agit d’un sursaut avant naufrage.

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    Faris Bouchaala
    Faris Bouchaala
    Journaliste Automobile - Rédacteur en Chef Adjoint
    Grand passionné d’automobile depuis mon enfance, mon objectif au quotidien était de trouver le moyen d'arracher le volant à mon père. Très peu de gens ont la possibilité de transformer leur passion en une carrière, et il se trouve que je suis l'un de ces quelques privilégiés. J’ai rejoint la presse spécialisée en 2010, après un parcours totalement loin du domaine, car au final c’est la passion qui l’emporte.

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