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lundi 17 novembre 2025
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    Stellantis secoue la filière des batteries en rompant plusieurs contrats clés

    Sous la direction de Carlos Tavares, Stellantis s’était engagé dans une transition électrique rapide, avec un calendrier serré et des volumes ambitieux. Mais le groupe a revu sa trajectoire. Résultat : plusieurs accords d’approvisionnement en matériaux critiques tombent les uns après les autres. Trois contrats de matières premières ont été annulés coup sur coup, révélant un repositionnement stratégique majeur.

    Des partenariats fragilisés par les ajustements de la stratégie électrique

    Les ruptures concernent trois acteurs : Novonix et Westwater Resources, tous deux spécialisés dans le graphite d’anode, ainsi qu’Alliance Nickel, fournisseur de nickel et de cobalt.

    Le cas d’Alliance Nickel est symbolique : la relation entre les deux entreprises remonte à un premier accord non contraignant signé en 2022. Une version ferme avait suivi en 2023, portant sur 170 000 tonnes de nickel sulfate et 12 000 tonnes de cobalt sulfate. Un engagement massif, désormais abandonné.

    Pour Novonix, la collaboration était plus récente. Le contrat, signé l’an dernier, prévoyait la fourniture de 86 250 à 115 000 tonnes de matériaux à partir de début 2026. Pourtant, le 4 novembre, Novonix a indiqué que FCA US LLC — la filiale américaine de Stellantis — avait mis fin à l’accord avec effet immédiat.

    La raison ? Une divergence technique. Les deux entreprises ne sont pas parvenues à s’accorder sur les spécifications exactes des cellules et sur les critères de validation pour la production de masse. Un point de blocage qui a fait tomber l’ensemble du partenariat.

    Novonix réagit et mise sur ses autres clients stratégiques

    La rupture surprend par son timing. Les premières livraisons étaient prévues pour le 1ᵉʳ janvier 2026. Elles devaient provenir de l’usine de Riverside, près de Chattanooga, dans le Tennessee.
    Novonix s’est dit « déçu », tout en soulignant que les engagements avec Panasonic et PowerCo — la filiale batterie de Volkswagen — se poursuivent normalement. L’entreprise affirme aussi travailler avec une quinzaine de clients potentiels pour d’autres applications industrielles.

    L’attention se tourne donc vers des partenaires plus solides, tandis que l’accord avec Stellantis rejoint la liste des dossiers clos, et ce bien plus tôt que prévu.

    Westwater : une rupture qualifiée d’« inattendue »

    La deuxième annonce est intervenue le 7 novembre. Westwater Resources a révélé que Stellantis avait mis fin à son contrat d’achat, signé seulement quelques mois plus tôt, le 17 juillet 2024. Le groupe américain a qualifié cette décision d’« inattendue ».

    Stellantis représentait l’un des trois gros clients de Westwater, aux côtés de Hiller Carbon et du fabricant de batteries SK On. Cette annulation ralentit fortement le montage financier du site de production de Kellyton, censé approvisionner Stellantis.

    Face à la situation, Westwater va revoir la capacité initiale de l’usine. L’objectif : l’adapter aux commandes encore valides, et réduire les investissements nécessaires. L’entreprise prévoit de finaliser cette révision d’ici la fin de l’année et d’en informer le marché début 2026.
    Un point important : Stellantis ne ferme pas totalement la porte. FCA US LLC se dit ouverte à discuter d’un nouvel accord… mais uniquement à des conditions actualisées.

    Alliance Nickel : contrat stoppé faute de respecter les étapes prévues

    Troisième rupture : Alliance Nickel. Le 7 novembre, l’entreprise australienne a confirmé que Stellantis mettait fin au contrat à compter du 3 décembre 2025.
    Contrairement aux autres partenaires, le problème n’est pas lié au prix ou aux volumes. Le motif officiel est simple : certains jalons contractuels n’ont pas été atteints, rendant l’accord caduc.

    Alliance Nickel évoque des conditions de marché difficiles pour le nickel et des contraintes de financement. Autrement dit, l’entreprise n’a pas pu mener son projet NiWest au rythme prévu. Dans ce contexte, Stellantis a renoncé — mais sans couper tout lien. Le constructeur reste intéressé par un futur accord, mieux aligné sur « le calendrier révisé du projet ».

    Les livraisons commenceront donc plus tard, avec des volumes probablement revus à la baisse.

    Une conséquence directe du ralentissement de la stratégie 100 % électrique

    Derrière ces trois annulations se cache un changement plus large : Stellantis ne vise plus un passage rapide vers une gamme 100 % électrique.
    Plusieurs objectifs ont été revus. Certaines échéances ont été assouplies. Les moteurs thermiques et hybrides resteront plus longtemps au catalogue, une décision dictée par un contexte politique mouvant et par une demande américaine en net recul pour les véhicules 100 % électriques.

    Aux États-Unis, le virage pro-BEV impulsé sous Joe Biden s’essouffle. Les projets de subventions, d’usines et de chaînes d’approvisionnement locales sont suspendus ou renégociés. Et sous la présidence Trump, les signaux politiques vont dans une direction différente, moins favorable aux véhicules électriques. Ce climat rebat les cartes pour Stellantis, qui réajuste ses besoins en matériaux stratégiques.

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    Faris Bouchaala
    Faris Bouchaala
    Journaliste Automobile - Rédacteur en Chef Adjoint
    Grand passionné d’automobile depuis mon enfance, mon objectif au quotidien était de trouver le moyen d'arracher le volant à mon père. Très peu de gens ont la possibilité de transformer leur passion en une carrière, et il se trouve que je suis l'un de ces quelques privilégiés. J’ai rejoint la presse spécialisée en 2010, après un parcours totalement loin du domaine, car au final c’est la passion qui l’emporte.

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