Après des mois de retard et une pression accrue de la part des consommateurs et des associations, Stellantis a finalement mis en ligne, ce 16 janvier 2025, sa plateforme de réclamation dédiée aux propriétaires de véhicules équipés des moteurs 1.0 et 1.2 PureTech. Cette initiative, annoncée depuis octobre 2024, vise à répondre aux réclamations des clients ayant subi des problèmes de surconsommation d’huile et de défaillances de la courroie de distribution. Cependant, les conditions d’éligibilité et les limites de cette plateforme suscitent déjà des interrogations.
Une réponse tardive à une crise persistante
La plateforme, accessible en France et en Espagne dans un premier temps, permettra aux automobilistes de demander le remboursement rétroactif des dépenses engagées entre le 1er janvier 2022 et le 18 mars 2024 pour réparer les moteurs PureTech défectueux. Selon Stellantis, ce dispositif sera progressivement étendu à d’autres pays de l’Union européenne, puis à l’international. Il pourrait également inclure à l’avenir d’autres problèmes techniques, comme ceux liés aux réservoirs d’urée des moteurs Diesel BlueHDi.
Les moteurs concernés par cette première phase sont les 1.0 et 1.2 PureTech atmosphériques (produits entre juin 2012 et juin 2022) et les 1.2 PureTech turbo (fabriqués d’avril 2014 à juillet 2018). Les problèmes éligibles incluent la surconsommation d’huile due à des défauts de segmentation des pistons ou de séparateur d’huile, ainsi que les défaillances de la courroie de distribution. En revanche, les propriétaires de moteurs 1.2 PureTech atmosphériques ne pourront pas prétendre à une indemnisation pour la surconsommation d’huile, une exclusion qui pourrait susciter des critiques.
Des conditions d’éligibilité strictes
Pour bénéficier de cette indemnisation, les demandeurs doivent remplir plusieurs critères stricts. Le véhicule doit être couvert par la garantie étendue de 10 ans ou 175 000 km, et l’entretien doit avoir été effectué conformément aux recommandations du constructeur, avec une tolérance de trois mois ou 3.000 km de retard. De plus, les réparations doivent avoir été réalisées dans le réseau agréé Stellantis. Ces conditions risquent d’exclure de nombreux automobilistes ayant fait entretenir leur véhicule hors réseau ou ayant utilisé des pièces non conformes.
En ce qui concerne les délais, Stellantis ne s’engage pas sur un temps de traitement précis pour les réclamations. Cependant, le constructeur a assuré que les dossiers des participants à l’action collective en cours seraient traités en priorité, avec un remboursement des honoraires d’avocats engagés. Une fois la demande approuvée, le remboursement sera effectué par virement bancaire dans un délai d’un mois et demi.
Une indemnisation partielle et des limites critiquées
L’indemnisation proposée par Stellantis se limite au remboursement des frais de réparation engagés entre janvier 2022 et mars 2024. Les demandes de réparation future ou de compensation pour des préjudices moraux, des troubles de jouissance ou une perte de valeur du véhicule ne sont pas prises en compte. Cette limitation pourrait laisser un goût d’inachevé pour les automobilistes ayant subi des désagréments répétés.
Par ailleurs, la date butoir du 1er janvier 2022 pour les réclamations est jugée trop restrictive par certains observateurs. Stellantis justifie ce choix en affirmant que les cas antérieurs ont déjà été traités, mais cette explication ne convainc pas tous les concernés, notamment ceux ayant subi des problèmes récurrents avant cette date.
Une avancée, mais des questions en suspens
Si la mise en ligne de cette plateforme marque une avancée pour les victimes des moteurs PureTech, elle ne semble pas entièrement répondre aux attentes des consommateurs. Les conditions d’éligibilité strictes et les exclusions laissent planer un doute sur la volonté réelle de Stellantis de réparer intégralement les préjudices subis.
Alors que l’assemblée générale des 5.000 participants à l’action collective portée par MyLeo s’est tenu le 15 janvier 2025, cette initiative pourrait être perçue comme une tentative de désamorcer la crise. Reste à savoir si elle suffira à rétablir la confiance des automobilistes envers le constructeur, ou si elle alimentera au contraire un sentiment de méfiance accru.